L’arrivée des beaux jours vous a donné envie de pique-niquer au milieu des fleurs ? Ou de faire une promenade au sein d’un petit village en campagne ?
Alors il est grand temps de vous parler du bleuet !
Le bleuet est scientifiquement nommé Cyanus segetum, segetum signifiant « champs de céréales » en latin. Ce nom fait référence à la capacité du bleuet à s’installer au sein des champs cultivés (comme le coquelicot par exemple).
Comment le reconnaître ?
La plante mesure environ 90 centimètres avec une tige présentant une surface cannelée.
Les feuilles inférieures, au plus proches du sol, sont pétiolées et découpées tandis que les feuilles supérieures simples sont dites sessiles (qui ne présente pas de « tige » entre le bras principal qui porte la fleur et le limbe de la feuille). L’ensemble des feuilles du bleuet sont pubescentes, c’est-à-dire couvertes de poils.
Le bleuet est principalement reconnaissable à ses pétales bleus qui sont en fait… une composition de plusieurs petites fleurs. Cette particularité est une des grandes caractéristiques de la famille des Astéracées à laquelle appartient le bleuet. L’ensemble de ces fleurs forme ce qu’on appelle un capitule. Le capitule du bleuet est composé de fleurs plus évasées à l’extérieur qu’en son centre, et toutes de couleur bleu violacé.
Cycle de Cyanus segetum.
Le bleuet est une plante annuelle, que l’on peut observer le plus couramment entre les mois de mai à août. Il pousse en bordure de champ, sur des friches et dans des endroits assez secs. Nous pouvons souvent le retrouver auprès de coquelicots.
Grâce à sa production importante de pollen et nectar, le bleuet attire fortement les pollinisateurs, ce qui en fait un auxiliaire des cultures très intéressant (1)(2).
Contrairement à son pollen, les graines du bleuet se dispersent, elles, à l’aide du vent.
Le bleuet Cyanus segetum est aujourd’hui évalué sur Liste Rouge comme préoccupation mineure (soit espèce pour laquelle le risque de disparition est faible) à l’échelle nationale. Toutefois, il se raréfie dangereusement à l’échelle plus locale, étant dans certaines régions considéré comme espèce vulnérable face au risque d’extinction (3). Trop souvent considérée comme une mauvaise herbe par les agriculteurs, cette plante messicole s’est d’ailleurs vue bannie progressivement de nos champs par l’emploi de pesticides et la modification des pratiques agricoles. Elle est également trop souvent remplacée par des cultivars, aux corolles plus fournies mais à la valeur écologique et nutritive discutable.
Il s’agit donc aujourd’hui de réaffirmer sa présence au sein des champs et des jardins !
Le bleuet dans notre société.
Le bleuet est devenu, depuis la première guerre mondiale, le symbole de la solidarité nationale envers les anciens combattants et victimes de guerre. C’est à cette époque que naît « le Bleuet de France », qui vise à recueillir des fonds pour venir en aide aux mutilés de la Grande Guerre. Les soldats blessés et invalides confectionnent des bleuets en tissu pour les vendre dans les rues.
Pourquoi le bleuet ? Car c’est une des seules fleurs à pousser sur les champs de bataille. Elle fait également référence au surnom que donnaient les poilus aux nouveaux soldats et à leur uniforme encore bleu immaculé. Depuis, des campagnes d’appel aux dons ont lieu chaque 8 mai et 11 novembre en France (4).
C’est également en cosmétologie que le bleuet s’est imposé dans notre société, grâce à ses vertus apaisantes, notamment contre les irritations des yeux et paupières.
Où l’accueillir dans nos jardins ?
Cyanus segetum peut tout à fait fleurir nos jardins et balcons, en ayant l’avantage de demander peu d’entretien et de résister à la sécheresse. Pour l’accueillir, privilégiez des espaces bien ensoleillés et éviter les sols humides.
En plus d’apporter une touche de couleur, il sera l’allié parfait pour observer pollinisateurs et herbivores depuis chez vous !
Sources :
- Langlois, A.; Jacquemart, A.-L.; Piqueray, J. Contribution of Extensive Farming Practices to the Supply of Floral Resources for Pollinators. Insects 2020, 11, 818. https://doi.org/10.3390/insects11110818
- Ouvrard, P., Transon, J., & Jacquemart, A. L. (2018). Flower-strip agri-environment schemes provide diverse and valuable summer flower resources for pollinating insects. Biodiversity and Conservation, 27, 2193-2216.
- https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/93680/tab/statut#ancreStatutEspece
- https://www.boutique-bleuetdefrance.fr/content/4-a-propos-du-bleuet-de-france