Le Potager du Roi de Versailles
Ce mois-ci, nous avons accueilli Zoé qui a partagé le quotidien de l’association durant deux semaines. A l’occasion d’une visite programmée avec Antoine Jacobsohn, responsable du Potager du Roi dans ce site d’exception, elle a accompagné Mathilde et vous livre ses impressions.
« Je m’appelle Zoe, j’ai 16 ans et je suis en classe de seconde. Je suis une passionnée du monde du spectacle : je fais de la danse et de la voltige équestre, que je pratique au quotidien. Récemment je me suis intéressée aux enjeux de la biodiversité et de la protection de la nature. J’ai commencé en participant aux marches des jeunes pour le climat les vendredis à Paris, et plus le sujet a pris de l’ampleur, plus j’ai commencé à y réfléchir. Les vidéos que je voyais sur les médias me touchaient beaucoup et m’ont fait réaliser l’urgence de la situation. J’ai donc souhaité effectuer mon stage d’observation chez Noé, pour en apprendre plus sur le sujet et pouvoir m’impliquer davantage. Ma visite au Potager du Roi avec Mathilde m’a donc permis de me renseigner sur un des projets de Noé et aussi sur le métier de jardinier ainsi que sur les enjeux d’un jardin comme celui-ci.
Un site riche en histoire
Jean-Baptiste de La Quintinie fut le créateur du potager du roi, ce magnifique jardin situé en annexe du Château de Versailles. Moins connu que le château auprès du grand public il reste néanmoins tout aussi séduisant. La Quintinie fut un jardinier inégalé de son temps qui réalisa de nombreux exploits qui augmentèrent sa renommée . En 1661, il passe au service de Louis XIV, il est chargé de fournir la table du roi en fruits et légumes. Plus tard, il s’occupe de nombreux autres jardins tels que celui du Prince de Condé à Chantilly et celui de Colbert à Sceaux. Enfin, en 1678, il est chargé de la création du nouveau potager du roi qui se termine 5 ans plus tard en 1683. A cette période, La Quintinie développe de nouvelles pratiques de jardinage, révolutionnaires pour l’époque. Il utilise des fumiers, joue avec les expositions et utilise des abris de verre et des cloches. Ces nouvelles méthodes lui permettent d’obtenir des résultats plus ou moins toute l’année, été comme hiver.
Aujourd’hui, c’est Antoine Jacobsohn qui est chef jardinier du potager.
Le vendredi 14 Juin 2019, Antoine nous a accueilli et nous a offert une visite du jardin. Il nous a également fait part de son expérience dans son domaine, rendant la visite d’autant plus intéressante.
Mais le site est plus qu’un simple potager, il héberge également l’école nationale du Paysage. Sur place, les élèves réalisent des stages aux côtés des jardiniers et apprennent avec l’expérience du terrain. Avant de commencer la visite, nous avons rencontré deux stagiaires venues des États-Unis pour prendre des cours avec Antoine et son équipe.
Pendant la visite, il nous a expliqué plusieurs choses sur sa façon de gérer son potager et a répondu à nos questions.
Notamment que depuis 2015, les jardiniers du potager n’utilisent plus aucun produit chimique toxique pour plusieurs raisons. L’une d’elles étant son engagement éthique et moral auprès des visiteurs et consommateurs des fruits et légumes produits sur place et de son équipe de 9 jardiniers et un nombre variable de stagiaires. D’après Antoine, cet arrêt soudain a entrainé une chute de production d’environ 70% car les plantes nécessitent un certain temps d’adaptation. Ce qui n’a pas été sans amener la question suivante : les jardiniers du monde moderne sont-ils devenus de simples applicateurs de produits ?
D’après Antoine, la réponse est non : les jardiniers ont seulement perdu en reconnaissance et la société de nos jours a tendance à dévaloriser les métiers artisanaux. En sachant qu’un retour à des méthodes de jardinage plus authentiques pouvait être bénéfique pour tous, consommateurs comme producteurs.
En visitant le jardin, nous avons remarqué les preuves visuelles qui montrent l’arrêt de l’application de pesticides. Les rangés d’arbres fruitiers avaient des “mauvaises herbes” au milieu et les feuilles avaient été rongées par les pucerons. Nous avons également remarqué des larves de coccinelle qui avaient pris place sur les plantes.
Il nous a également expliqué que, pour pouvoir revenir à des méthodes de jardinage sans produits chimiques, il fallait être capable d’accepter un jardin avec des “mauvaises herbes” nous donnant l’exemple des peintures de Boucher et de Fragonard où elles sont présentes, justifiant que ce n’était pas moins beau pour autant.
De plus, il nous a fait part de conseils de jardinage que l’on peut appliquer dans la vie quotidienne, par exemple le fait qu’il ne fallait pas séparer le savoir et le savoir-faire, que ces deux choses ne devaient pas en devenir qu’une mais aussi qu’elles ne devaient pas être parallèles. J’ai trouvé la réflexion d’Antoine très pertinente et je retiendrais ses conseils par la suite.
Mon coup de cœur végétal
En faisant le tour du jardin, l’une des plantes qui m’a fait le plus effet est la Dentelle de Malines, un rosier grimpant spectaculaire qui s’étend sur plus de 2m50 de hauteur. Ce rosier produit de nombreux bouquets qui sont garnis de petites fleurs roses et blanches. Il fleurit une fois par an, en début d’été, pendant une durée de 15 à 30 jours. Les petites fleurs de ce rosier donnent un effet très romantique et pittoresque, ce qui ajoute au charme de ce jardin. La durée de floraison de ces fleurs symbolise leur fragilité et leur beauté. Cette durée de vie courte mais intense participe également à l’impression d’élégance et de noblesse de ce rosier.
Cette visite m’a fait prendre conscience qu’il est important dans notre société actuelle de s’impliquer le plus possible dans des sujets tels que la biodiversité et l’environnement car c’est un des enjeux majeurs du monde moderne, et de voir des jardiniers avec tant d’influence s’impliquer et essayer de revenir à des pratiques plus “anciennes” et plus “naturelles” permet de garder espoir dans l’avenir. »