L’extraction de la tourbe des tourbières met en danger ces milieux fragiles et si riches en biodiversité. Voici quelques conseils pour les protéger !
Concilier usages et protection de la nature
La tourbe, un matériau à tout faire !
La tourbe est issue d’une décomposition partielle de la végétation semi-aquatique, comme les mousses, les sphaignes ou les carex, de son accumulation et de son tassement en milieu humide et sans air. La tourbe ne se fait pas du jour au lendemain : il faut environ 100 ans pour former une couche de 5 cm de tourbe !
La tourbe est extraite en grande quantité, et pour cause, ses usages sont multiples. Matière légère et riche en matière organique retenant bien l’eau : elle est idéale pour le développement de jeunes plantes, et vous la retrouverez souvent chez les pépiniéristes. Riche en carbone, elle constitue par ailleurs un très bon combustible une fois séchée. Enfin, la tourbe est un bon isolant thermique : dès le 9ième siècle les islandais l’utilisaient pour fabriquer des maisons les protégeant des hivers rigoureux du grand nord !
Astuce !
Consultez sans plus attendre le site internet du Pôle-relais Tourbières : www.pole-tourbieres.org
Quoi de plus divers qu’une tourbière ?
Les conditions pour la décomposition partielle des végétaux en matière ne se rencontrent pas à tous les coins de rue : les tourbières sont des écosystèmes aussi fragiles que rares. Ce sont aussi des milieux humides: pensez à prendre les bottes lorsque vous en visiterez une !
Si vous êtes attentifs, vous pourrez rencontrer dans les tourbières le vison d’Europe, la grenouille rousse, le lézard vivipare, le grand tétras, et de nombreux papillons comme le damier de la succise, le nacré de la canneberge, le solitaire, le cuivré des marais et de la bistorte, le fadet des laîches ou encore l’azuré de la sanguisorbe.
Et les plantes ne sont pas en reste : la flore y est aussi très diversifiée! Les sphaignes par exemple contribuent fortement au maintien des milieux tourbeux par leur croissance continue et leur capacité à acidifier le milieu et à retenir l’eau. Outre les sphaignes, on trouvera dans les tourbières des bruyères aux belles fleurs violettes, des canneberges et leurs excellentes baies, ainsi que des droseras, des petites plantes carnivores. Conservatoires de la biodiversité, les tourbières accueillent également la ligulaire de Sibérie ou le saule des Lappons, existant depuis l’ère glaciaire.
SOS tourbières en danger !
Il reste aujourd’hui entre 60 000 et 100 000 ha de tourbières en France, contre environ 200 000 ha en 1945. La tourbe au vu de toutes les possibilités qu’elle offre est extraite en grande quantité : les tourbières sont détruites beaucoup plus vite qu’elles ne peuvent se régénérer ! Et avec la tourbe, disparaissent la faune et la flore si riches des tourbières…En France, la majorité de la tourbe est extraite à destination de l’horticulture et du maraîchage. Des mesures de protection existent pour limiter le nombre d’exploitations et aider à la restauration de certains sites menacés, mais ces mesures sont insuffisantes : les tourbières françaises sont toujours en régression et l’exploitation des tourbières non protégées à l’étranger continue.
Alors comment protéger les tourbières ?
- Le Pôle-relais Tourbière recense régulièrement les différents terreaux sans tourbe disponibles sur le marché (voir sur leur site Internet la rubrique « Jardiniers »). Ensuite, n’utilisez pas du terreau à tort et à travers : si le terreau est nécessaire pour cultiver dans les pots ou les jardinières par exemple, il ne doit pas servir à enrichir le sol. Pour cela il est beaucoup plus judicieux d’utiliser du compost ou du fumier !
- Milieux humides, les tourbières sont très sensibles à la pollution des eaux…limitez donc autant que possible l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires, et respectez les dosages.
- Enfin, beaucoup de plantes exotiques de milieux humides sont envahissantes, et les installer dans votre jardin peut provoquer leur dissémination alentour. Attention donc lors de la plantation : ces espèces peuvent éventuellement prendre la place des espèces locales et envahir les tourbières.