Taille et élagage, quelques précautions

Dès que les dernières feuilles tombent de nos arbres, nous sommes tentés de sortir sécateurs, cisailles, scies ou tronçonneuses pour un éclaircissement annuel. Cette impulsion peut nous reprendre au moindre signe de faiblesse d’une branche égarée. Nous nous tournons alors vers l’élagage, qui ne concerne que les branches jugés inutiles, dangereuses ou mortes, ou vers la taille qui permet, elle, de donner une forme voulue à un arbre pour des raisons esthétiques, d’entretien ou de fructification.

Attention cependant avant de se lancer dans des actions drastiques qui ne sont pas forcément nécessaires à la santé de l’arbre …

Le cas des chicots et des branches mortes

La vie d’un arbre est, elle aussi, loin d’être un long fleuve tranquille !

Quelques accidents de parcours (tempêtes, orages, chutes ou travaux à proximité) peuvent provoquer la casse de branches. Cette casse aléatoire laisse souvent un chicot sur l’arbre, c’est-à-dire, un morceau de la branche brisée qui n’est plus alimentée par la sève. Cette blessure est une porte d’entrée idéale pour les bactéries responsables de certaines maladies de l’arbre comme le chancre bactérien. Il est donc nécessaire de les couper pour accélérer la cicatrisation des plaies. Cependant, nul besoin de couper un chicot installé depuis longtemps sur votre arbre, il aura déjà cicatrisé seul au bout de deux ans !

Dans le cas de branches mortes, les tailler permet d’alléger l’arbre et d’éviter ici aussi l’entrée dans l’organisme de l’arbre de diverses bactéries et insectes.

Comment identifier une branche morte ? A son aspect tout d’abord. En effet, la branche morte restera sans bourgeons et nouvelles feuilles.

Il est ensuite possible d’effectuer le test dit de l’éraflure. Ce test consiste à réaliser une légère entaille dans l’écorce pour accéder à la sous-couche de l’écorce. Si cette sous-couche, le cabium, est de couleur verte, la branche est encore vivante. Au contraire si le cabium est sec et brun, la branche et morte.

Il peut cependant être intéressant de conserver certaines branches mortes, dans le cas où leur chute n’occasionnerait pas de dommages matériels et humains. Elle peut en effet vous permettre de créer ou de vous insérer dans une trame de vieux bois favorable à la biodiversité. Les branches mortes de vieux et gros sujets constituent des micro-habitats de choix, par exemple pour les coléoptères.

©Fabrice Cahez / Biosphoto. Forêt vosgienne en automne, France.

Dans la forêt vosgienne, ce vieux hêtre a gardé certaines de ses branches mortes qui peuvent maintenant abriter oiseaux et coléoptères.

Arbres malades, comment les identifier et comment les aider.

La taille, ou l’abattage complet des arbres malades semble souvent être la solution qui sauve. Il est pourtant possible d’endiguer et de traiter les maladies avant d’avoir recours à la taille.

L’important est encore ici de bien identifier un arbre malade.

Attention par exemple à bien le différencier d’un arbre vieillissant ou en état de stress et dont le houppier changera de forme et descendra en laissant les branches de la cime s’assécher.

Pour débusquer la maladie, il faut repérer les points de faiblesse de l’arbre. Il est important d’observer l’état de l’écorce qui subit différentes altérations en fonction des maladies : la maladie de l’orme ou le chancre fongique vont la déformer et créer des boursouflures dont la sève s’écoulera dans le cas des conifères. Les maladies peuvent aussi influer sur l’apparence du feuillage. Ainsi, les aiguilles d’un pin rougiront s’il est atteint de la maladie des bandes rouges.

 

Gommose sur un tronc de pêcher en juin, © NouN / Biosphoto ; galle sur feuille de noisetier, © Yann Avril / Biosphoto ; cloque du pêcher, © Lamontagne / Biosphoto.

La présence de champignons peut aussi être l’indicateur d’un arbre malade. Par exemple des bouquets de champignons bruns pousseront à l’automne au pied des arbres touchés par l’armillaire ou le pourridié. Des champignons violacés rappelant des coraux marins accrochés sur les troncs seront le symptôme de la maladie du plomb des arbres fruitiers.

 

Touffe d’armillaire sans anneaux, Bernard Dubreuil / Biosphoto ; chondrostereum purpureum © FLPA Dave Pressland /Biosphoto.

L’armillaire (ou pourridié) et le plomb du prunier sont diagnostiqués par la présence de champignons au pied de l’arbre ou sur son tronc.

Toutefois, la présence de champignons ne condamne pas forcément votre arbre. Ainsi, les champignons polypores qui forment des tablettes sur les troncs ne vont impacter que le duramen, partie centrale de l’arbre composée de bois mort. L’arbre pourra ainsi continuer à se développer, ses parties vivantes n’ayant pas été touchées. Il faudra toutefois veiller à ce que l’équilibre structurel de l’arbre ne soit pas mis en danger de façon à éviter tout effondrement.

En fonction de la maladie, il ne sera pas obligatoire d’abattre complètement l’arbre atteint. Dans le cas des infections fongiques, couper les branches colonisées, en s’assurant de ne pas laisser de chicots, suffira. Dans le cas de certains chancres, il vous faudra couper les branches 20 cm en dessous des premiers chancres puis les brûler pour éviter les contaminations.

Nyctale boréale sur un polypore sur un tronc, Ardennes, Belgique, ©Philippe Moës / Biosphoto.

Les polypores qui forment des tablettes sur l’arbre qui les accueille ne lui sont pas forcément fatals ! Et peuvent même être le support de visiteurs.

Les arbres dépérissants et morts 

         Il peut être tentant d’abattre un arbre vieillissant ou faible, en particulier pour des questions de sécurité.

La prudence reste cependant de mise. En effet, un arbre déperissant peut faire preuve d’une importante résilience. Une observation en détail de ses branches vous permettra de faire un diagnostic de son état. Par exemple, pour vos chênes et hêtres aux nombreuses branches mortes et au houppier bas, la présence de nombreux gourmands (un rameau qui se développe à partir d’un bourgeon resté indéveloppé) est un signe de bon augure pour la reprise de la croissance du houppier.

Si vos doutes persistent, vous pouvez appliquer à votre tronc le test de l’éraflure que nous vous proposions pour les branches mortes.

Si votre arbre est mort, il vous faudra bien considérer les risques de chutes. Si ces risques sont importants et que l’arbre risque de blesser ou détruire, il sera plus prudent de couper les branches et de ne garder que la souche ou la chandelle. Elles se transformeront en relais importants pour la biodiversité en tant que terrain de chasse des chauve-souris ou des pics. Les souches, chandelles ou têtards d’arbres morts pourront s’inscrire à leur tour dans une trame de vieux bois. Ils pourront en effet accueillir lierre, épiphytes, champignons, nids d’oiseaux et abris de rapaces. Ils pourront aussi devenir un élément esthétique de votre jardin en devenant le support de plantes grimpantes caractéristiques des sous-bois comme les clématites ou le chèvrefeuille des bois, mais aussi des plantes portant de belles floraisons comme les rosiers sauvages.

 

Ce vieux chêne du château de Cormatin commence à descendre son houppier laissant les branches de sa cime dépérir progressivement. ©Michel Gunther / Biosphoto.

Sources :

Christophe Drénou. « Diagnostic sanitaire des arbres : la méthode ARCHI » in. Forêts Privées, n°331, mai-juin 2013. pp. 64-69.

Jean Michel Mourey ; Julien Touroult. Fiche technique – Biodiversité : Les arbres à conserver pour la biodiversité. Comment les identifier et les désigner ?. ONF, dossier Biodiversité n°3, 2010.

Denis Sergent. « Les autres maladies de l’arbre ». Mise à jour le 24/07/2011. In. La Croix. https://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/Les-autres-maladies-des-arbres-_NG_-2011-07-24-692379. [consulté le 07/01/2021]

 

 

 

 

 

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