Initiée en 2014 par le sénateur écologiste du Morbihan Joël Labbé, la loi « visant à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national », dite loi Labbé, avait pour ambition l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires dans tous les sites publics à partir du 1er janvier 2020 ; ceci devait être renforcé à compter du 1er janvier 2022 par l’interdiction de la mise sur le marché, de la délivrance, de l’utilisation et de la détention de produits phytosanitaires pour un usage non professionnel, à destination donc des particuliers.
En juillet 2015, cette ambition est revue à la hausse par l’adoption de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte : l’arrêt total des pesticides dans les sites publics est exigé dès 2017. Ainsi, depuis le 1er janvier, il n’est plus autorisé à l’État, aux établissements publics et aux collectivités d’utiliser des produits phytosanitaires – aussi appelés pesticides – dans leurs espaces à charge privés et publics : espaces verts, forêts comme voiries. Les particuliers devront se passer de pesticides dans leurs jardins à compter du 1er janvier 2019. Les produits dits de biocontrôle seront toujours disponibles.
De plus, n’oublions la récente étude de l’association de défense de consommateurs « Consommation, logement et cadre de vie » (CLCV) qui a identifié que 44% des enseignes concernées par l’étude ne respectent pas l’interdiction de vente en libre-service des produits phytosanitaires.
Nous vous proposons un tour d’horizon des principales substances actives contenues dans les produits disponibles à la vente et alternatifs au glyphosate.
Pour désherber, vous trouverez en magasin, des produits à base d’acide pélargonique est un acide gras que l’on trouve dans la membrane de végétaux tels que le géranium dit pélargonium.
Généralement, cette substance est synthétisée chimiquement avec de l’hydrazide maléique. Ce n’est donc pas un produit 100% naturel. Il est classé dans les produits dits de biocontrôle mais n’est pas autorisé en agriculture biologique.
Il leur est reproché d’avoir une efficacité extrêmement limitée qui s’explique par le fait que le produit n’agit que sur la surface visible de la plante et non sur ses racines.
Pour désherber avec des techniques alternatives, vous avez la possibilité d’utiliser sur des petites surfaces et occasionnellement, l’eau de cuisson des pâtes et légumes sans sel ou encore un carton sans encre posé sur les adventices à faire disparaître (l’absence de lumière va les empêcher de faire leur photosynthèse, il suffit ensuite de les gratter à la main ou au désherbeur manuel), pas très esthétique certes mais le carton peut ensuite être mis au compost.
Dans un massif, le paillage végétal et minéral et/ou feutre géotextile (biodégradable !) et des plantes couvre-sol (géranium, consoude, …) feront l’affaire.
Pour régulièrement et sur des petites ou grandes surfaces, le désherbeur manuel et/ou la binette, le désherbeur thermique peuvent être des solutions.
Dans la gamme des insecticides, vous trouverez principalement, le bacillus thuringiensis ou Bacille de Thuringe qui est une bactérie aréobie, naturellement présente dans le sol, l’eau et l’air. Il peut être seulement utilisé en cas d’attaque de nuisibles avérée et non en préventif car il agit sur l’intestin des insectes ciblés.
Attention aux OGM Bt ! Certaines plantes ont été synthétisées avec le bacillus, leur permettant d’avoir en permanence une protection face aux nuisibles et évitant au jardinier d’avoir à traiter.
Mais les insectes ciblés finissent par s’adapter et résister, sans oublier l’environnement de la plante qui est indéniablement concerné par cette modification. Il est classé dans les produits de biocontrôle autorisés en agriculture biologique.
Le soufre est un fongicide et un répulsif assez efficace qui doit être utilisé en cas d’attaque de nuisibles avérée. Il agit par « sublimation », c’est à dire qu’une fois pulvérisé, il va se transformer en vapeurs qui vont recouvrir les végétaux atteints et ainsi détruire les champignons responsables des maladies.
Attention toutefois, son inhalation peut irriter les voies respiratoires. Son usage excessif pourra également acidifier le sol. De même, il est préférable de traiter tôt le matin ou tard le soir pour éviter que, sous l’effet de fortes chaleurs, le soufre ne brûle les feuilles.
Il est lassé dans les produits autorisés en agriculture biologique.
La pyréthrine est une préparation à base d’extrait de plante : la pyrèthre de la famille des Astéracées. Elle a une action par contact, il est donc inutile de l’utiliser en préventif. Elle est cependant très efficace dans la lutte contre les pucerons et autres insectes parasites comme la piéride du chou. Attention, cette forme végétale comme sa forme chimique – voir ci-dessous – sont nuisibles pour les organismes aquatiques.
Elle est classée dans les produits de biocontrôle, non autorisés en agriculture biologique.
Les pyréthrinoïdes sont la forme chimique synthétique dont la composition est la plus proche de la pyréthrine : le Pipéronyl butoxyde et sont classés dans les perturbateurs endocriniens. C’est un insecticide qu’on retrouve notamment dans les anti-moustiques.
Ils sont classés dans les produits de biocontrôle non autorisés en agriculture biologique.
Le bicarbonate de potassium peut être utilisé dès les premiers symptômes d’attaqye, ou en préventif, surtout si on constate que d’autres végétaux à proximité sont déjà touchés. Attention toutefois à ne pas dépasser une dose de 1% par litre de préparation, ce qui risquerait de bruler le feuillage. Il est possible d’utiliser du savon noir en complément car il est permet au produit de ne pas s’écouler.
C’est produit polyvalent, disponible en libre-service.
L’huile de vaseline, comme l’huile de paraffine (appelée aussi huile blanche), elle fait partie des huiles minérales issues du raffinage du pétrole.
Elle fait partie des produits tolérés en agriculture biologique.
Elles sont particulièrement efficaces contre les insectes comme les cochenilles. L’application se fait durant l’hiver et permet d’atteindre le stade hivernant des insectes parasites.
Ces huiles ne sont pas sélectives et peuvent donc atteindre les insectes auxiliaires des cultures.
Le savon noir, fabriqué à base de potasse et d’huile végétale, est très efficace contre les insectes parasites.
Pour le jardin, on l’achètera sous sa forme liquide et il est à diluer avant emploi (environ 5%).
Il est classé dans les produits autorisés en agriculture biologique.
Le phosphate ferrique, aussi appelé phosphate de fer, est un composant qu’on retrouve dans les produits anti-limaces et escargots et qui s’active au contact de l’eau ; il représente donc un danger dans les cours d’eau.
Il est classé dans les produits tolérés en agriculture biologique.
Les nématodes : si certains nématodes sont des parasites, certains sont considérés comme des auxiliaires du jardin.
On les trouve en magasin, dans une solution poudreuse à diluer dans de l’eau, sous la forme de larves vivantes, seul état des nématodes à pouvoir parasiter les insectes nuisibles : chenilles, charançon, larves, …
Ils sont classés dans les produits de biocontrôle, non autorisés en agriculture biologique.
Parmi les alternatives aux insecticides, on trouve les granulés de consoudes, fougères, de prêle ou d’orties séchés afin de faire du purin.
Le purin d’orties peut être fait à la maison également : bien dosé, il fera un excellent engrais naturel (riche en azote), faiblement dosé, il peut servir de répulsif contre les pucerons par exemple. Comme toutes les préparations maison, il faut éviter conserver ces préparations trop longtemps et les entreposer avant usage dans un endroit sec et aéré.
Au potager, l’association des cultures est une technique préventive qui a fait ses preuves. Elle consiste à utiliser le pouvoir répulsif naturel des plantes envers certains insectes, pour limiter les attaques de ravageurs, aussi bien au potager que dans les massifs ornementaux.
En voici quelques exemples :
- Tomate – Ail, Tomate – Oeillet d’Inde
- Pomme de terre – Haricot
- Poireau – Laitue
- Radis – Epinard
- Pois – Concombre
- Oignon – Carotte
- Betterave – Chou
Attention à la consommation de ces mélanges, bien que 100% naturels, ils peuvent créer un déséquilibre dans le sol en apportant trop d’un seul nutriment au détriment des autres ce qui peut entrainer l’effet inverse à celui souhaité !
Les maladies fongiques comme l’oïdium qui donne aux végétaux des tâches blanches apparaissant généralement à la suite d’épisodes pluvieux assortis de chaleurs. Les plantes en sont donc plus sensibles l’été. Pour prévenir l’apparition de ces maladies, il est recommandée de tuteurer au maximum les végétaux afin que leurs feuilles soient le moins possible en contact l’humidité du sol ; en complément, il faut limiter l’arrosage sur les feuilles et privilégier l’arrosage au sol. Dans tous les cas, les feuilles atteintes doivent être supprimées.
Moins onéreux que les produits que l’on trouve en jardinerie et avec des usages multiples (arbres fruitiers, rosiers, plantes du potager,…) le savon noir est un produit alternatif qui peut être préconisé.
Contre les insectes ravageurs, créer et restaurer des lieux d’accueils favorables à la biodiversité : coin de jardin au naturel, prairie fleurie, nichoirs, … permettra de limiter leur propagation par l’instauration d’écosystèmes stables et donc efficaces : le hérisson qui passe la nuit dans nos jardins est friands d’escargots et limaces !
Alerter et informer l’entourage proche de son jardin permettra dans la mesure du possible de prévenir l’apparition de nouveaux ravageurs comme la pyrale du buis ou la chenille processionnaire du pin aux effets particulièrement dévastateurs.
Pour les anti-mousse, le sulfate de fer est le composant de base des produits anti-mousse pour le gazon. Si le sulfate a eu pendant une période un énorme succès, il est maintenant prouvé que son effet à long terme est limité et qu’il est dangereux pour l’utilisateur. C’est un produit polyvalent, classé dans les produits de biocontrôle autorisés en agriculture biologique.
Avant de chercher une alternative à ce type de produits, il convient de s’interroger sur la raison de la mousse sur le gazon. De fait, elle est la preuve visible d’un déséquilibre du sol : eau stagnante dû à un sol trop compacté ou à un mauvais drainage (c’est le cas des sol très argileux), ombre trop prononcée suite à la plantation d’arbres parfois.
Ainsi, et dans le cas où on ne souhaite pas donner à son jardin, un aspect de jardin japonais, peut-on réfléchir à planter sur cette zone des plantes rampantes ou adaptées aux zones d’ombre : pervenche, fougère, … Elles allieront esthétisme et praticité pour un coût réduit et un entretien limité, au contraire de l’outillage type scarificateur qu’il est souvent nécessaire louer pour une grande surface.
Attention, qui dit « bio » ne dit pas « sans danger » !
Ces produits sont classés comme tels car leur rémanence dans le sol est plus faible que celle des pesticides chimiques, mais malgré le fait qu’ils se dégradent plus vite (à l’exception du soufre et du cuivre qui s’accumulent dans le sol), ils n’en restent toutefois ni plus ni moins des biocides.
Dans tous les cas, l’équipement de protection de base : manches longues, masque et gants, est de mise !
Apprendre à observer pour son jardin pour pallier au plus vite à toute attaque de nuisibles est une des meilleures solutions de limiter l’usage des produits au jardin.