Ce mois-ci, les cardères sont à l’honneur ! Ne les confondez pas avec les chardons, vous risqueriez de les vexer. Découvrons ensemble les caractéristiques de ces étonnantes herbacées, grandes amies méconnues de la biodiversité.
Les cardères sont des espèces de plantes herbacées appartenant à la famille des Caprifoliacées.
Ce sont des plantes bisannuelles. Leurs graines germent en avril de la première année et forment, en automne, une rosette de feuilles au ras du sol. Assez grandes en général, jusqu’à 2,40 m, c’est lors de leur deuxième année qu’elles se développent en hauteur. Leur tige est couverte d’aiguillons plus ou moins piquants. L’inflorescence est une cyme capituliforme comportant de nombreuses bractées. On retrouve à la base du capitule, une collerette de longues bractées, la plupart du temps incurvées vers le haut. De l’autre côté on trouve des écailles piquantes qui entourent les fleurs. Les fruits sont des akènes.
Malgré leur ressemblance, les cardères n’ont aucune parenté avec les chardons, qui sont de la famille des Composées. Leur différence réside dans leurs fruits : ceux de la cardère sauvage ne possèdent pas de petites plumes qui leur permettraient de se disperser avec le vent.
Il existe plusieurs espèces de cardères :
Cardère sauvage
- La cardère sauvage ou cardère des champs, Dipsacus fullonum ou Dispacus sylvestris. Appelée Cabaret des oiseaux ou Bonnetier sauvage qui est l’espèce la plus connue. Elle est aussi appelée Cabaret des oiseaux en raison de l’eau qui reste après la pluie le long de la tige, à la jointure des feuilles. C’est une espèce commune qui pousse spontanément sur les terrains vagues, des lieux non cultivés, des bords de chemin, c’est une plante rudérale.
Cardère à foulon
- La cardère cultivée ou cardère à foulon, le chardon à Bonnetier, Dispacus sativus, utilisées pour carder, c’est-à-dire « démêler », la laine après avoir été séchée. C’est de là qu’elle tient son nom. Elle fut de moins en moins cultivée avec la démocratisation des machines à lainer. De fait, l’espèce est très probablement amenée à disparaître. Il est possible de trouver des graines de cardère cultivées aujourd’hui. La Hulotte a lancé une campagne de sauvetage de la cardère cultivée.
_____________
Différence entre la cardère sauvage et la cardère à foulon
Illustration de la revue « La Hulotte » de la campagne de sauvetage de la cardère cultivée, disponible sur leur site internet : https://www.lahulotte.fr/cardere_cultivee.php
_____________
Cardère poilue
- La cardère poilue, Dispsacus pilosus, assez rare. Elle pousse en lisière de bois, au bord des fossés et des ruisseaux. Ayant besoin de beaucoup d’humidité et exigeante écologiquement, elle en devient difficile à accueillir au jardin.
Cardère féroce
- La cardère de féroce, Dispsacus ferox, ou cardère de Corse est identifiable grâce à ses têtes hirsutes. Comme son nom l’indique, on la retrouve en Corse, dans le maquis. C’est une espèce insulaire qui aime les endroits humides et pierreux.
Nous n’avons répertorié ici que les plus connues.
La cardère, un réel intérêt pour la faune
Les cardères sont connues pour être des « plantes-hôte » très utiles pour la faune sauvage. Les fleurs de cardères sont très riches en nectar, une aubaine pour les abeilles, bourdons, syrphes et autres papillons. Vous pouvez voir butiner sur les cardères des espèces comme le vulcain, Vanessa atalanta, la belle-dame, Vanessa cardui, le paon du jour, Aglais io, le tabac d’Espagne, Argynnis paphia…
La cardère sauvage possède la particularité d’avoir des feuilles inférieures réunies à leur base qui forment un godet permettant de recueillir jusqu’à 1 litre d’eau ! Comme nous l’avons vu plus haut, cette formidable faculté lui a donné le nom de « Cabaret des oiseaux » qui peuvent s’y abreuver à loisir.
A noter que la chenille d’un papillon de nuit, le sphinx-bourdon, se nourrit de ces feuilles.
Les oiseaux granivores sont très friands des graines de cardères et chaque tête peut produire jusqu’à 600 graines : un vrai garde-manger pour les oiseaux du voisinage ! Ces graines ont une grande richesse calorique (22% de lipides) ce qui ne laisse pas indifférent le chardonneret élégant, la linotte mélodieuse ou encore le tarin des aulnes qui sont parmi les plus fidèles au poste.
Les tiges creusent, une fois séchées au cours du deuxième hiver, sont le site d’hivernage favori de nombreux insectes.
_____________
Avoir des cardères dans son jardin
Il est assez facile d’introduire les cardères chez soi. Elle n’est pas envahissante (Rappelez-vous, ce n’est pas un chardon !).
Le semis se fait en avril sur un sol nu. Il faut que le sol soit bien désherbé et biné. Enterrez les graines légèrement, d’un coup de râteau, puis arrosez. Durant la pousse, veillez à éclaircir les plantations afin de ne conserver que des pieds espacés de 40 à 50 cm au moins. Les cardères ont besoin de beaucoup de soleil : il faut éviter les zones ombragées.
Si vous aimez les bouquets secs, cette plante est faite pour vous !
_____________
On a prêté aux cardères des vertus médicinales notamment pour la maladie de Lyme. Cependant, aucune preuve scientifique n’a été apportée quant à son efficacité.
A la fois garde-manger et source d’eau pour les oiseaux et pollinisateurs, gîte pour les insectes et plante liée à notre histoire industrielle, les cardères n’ont pas fini de nous surprendre.
Lexique
Akène : fruit sec dont la graine unique n’est pas soudée à son enveloppe appelée péricarpe ;
Bractée : pièce florale en forme de feuille faisant partie de l’inflorescence ;
Capituliforme : qui a la forme d’une petite tête ;
Cyme : Groupe de fleurs sur pédoncule rameux partant du même point et arrivant à une même hauteur.
Sources
https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-22689-synthese
https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-22678-synthese
https://www.lahulotte.fr/cardere_cultivee.php
https://www.sauvagesdupoitou.com/83/536
Paul M. Lantos, Eugene D. Shapiro, Paul G. Auwaerter, Phillip J. Baker, John J. Halperin, Edward McSweegan, Gary P. Wormser, Unorthodox Alternative Therapies Marketed to Treat Lyme Disease, Clinical Infectious Diseases, Volume 60, Issue 12, 15 June 2015, Pages 1776–1782, https://doi.org/10.1093/cid/civ186