Ces gastéropodes font tous les ans l’objet de nombreuses discussions quant aux dégâts qu’ils occasionnent dès le début du printemps. Sites, forums, fiches explicatives, publications scientifiques sont autant de supports d’informations marquant cette lutte acharnée contre cette biodiversité particulièrement envahissante. Nous nous sommes d’ailleurs déjà intéressés à leur cas dans un précédent article.
Avant toute chose, appliquons ce vieux dicton : « Mieux vaut prévenir que guérir » ! Les limaces ont un véritable rôle écologique qu’il convient de respecter afin de ne pas déséquilibrer l’écosystème. Leur pullulation en de nombreux lieux – principalement urbains – est une conséquence directe de la rupture de la chaîne alimentaire. Il devient alors difficile de garder la tête froide, les yeux penchés sur la belle salade transformée en moignon abandonné.
Méthodes de prévention
On ne le dira jamais assez, pour lutter contre un déséquilibre, rééquilibrons ! Les prédateurs sont de fantastiques alliés qui, en plus de vous satisfaire, trouverons de quoi subvenir à leurs besoins. Dans cette foule de prétendants, tous ne possèdent cependant pas la même efficacité et il conviendra, pour chacun d’entre eux, de leur fournir un abri (haies, bûches, friche, nichoirs) et les inciter à une installation pérenne.
- Limace léopard/tigre et escargot de Bourgogne: Gastéropodes omnivores par excellence, l’une s’attaque à ses semblables et l’autre aux pontes, sans engager de dégâts considérables sur les cultures (sauf s’ils sont en surnombre).
- Faune aviaire : Les poules, merles, grives font partie des oiseaux réputés pour leur affinité envers les limaces. Il est cependant à noter qu’ils ne s’attaquent en général qu’aux juvéniles ou petites limaces (et aux grandes si tuées au préalable). Pour l’anecdote et si la pointe exotique vous intéresse, sachez que le canard coureur indien est réputé pour sa voracité sur les gastéropodes.
- Carabes : Quoi de mieux que de valoriser la biodiversité déjà présente ? Les carabes sont d’excellents chasseurs de limaces. Le comble ? Certains sont menacés, alors qu’est-ce qu’on attend ?
- Reptiles et amphibiens : Leur effet semble plus contrasté mais considérant leur état actuel de conservation, il serait dommage de ne pas les accueillir.
- Truites: Pour ceux qui disposent d’un bassin ou s’intéressent à l’aquaponie !
Les plantes ont également un rôle important à jouer. Ainsi, selon leurs attraits, il conviendra de les placer dans les endroits stratégiques du jardin :
- Les répulsifs (trèfle, cassis, bégonia des platebandes, moutarde blanche (avis très controversés), fougère, consoude (fertilisant et plante mellifère)) : à disposer autour des plants sensibles ou en barrière autour du potager, ou encore en purin (on peut en faire à base de limaces si vous avez l’estomac bien accroché).
- Les attractives (salade, basilic…) : à éloigner des friches et dortoirs appréciés des limaces ! Si possible, les élever hors sol jusqu’à maturité et les protéger par une barrière physique (sous une demi-bouteille en plastique, goulot vers le haut).
- Les végétaux arrachés sur site font parties des méthodes « neutres » : les laisser à terre entraînent les limaces à s’y nourrir en priorité… mais aussi à amener celles du voisin.
- En supplément des plantes répulsives de bordures, il est possible d’installer un périmètre stérile qui agira comme un rempart – qu’on appellera familièrement le « no slug’s land ».
Notre compost que tout le monde semble apprécier – même le chien – est à éloigner du potager et à surveiller de temps à autre – les premières pontes y sont souvent visibles.
Si vous favorisez le paillage aux plantes couvre-sol, sachez qu’il constitue un habitat privilégié pour les limaces : il convient donc de l’alimenter régulièrement sans excéder une hauteur de 2-3cm. Vous pouvez aussi utiliser du chanvre au lieu de la paille (utilisez là plutôt pour votre maison !), les limaces l’ont – paraît-il – en horreur. Le BRF peut aussi être adapté (à base de sauge, de branchages de fruitiers, résineux, d’aromatiques, de consoude, trèfle, blé, fougères…) en favorisant la diversité – comme toujours !
Parfois, travailler la terre par un binage léger et buttage peut permettre de détruire les pontes en les enfouissant ou au contraire en les exposant à la lumière ou aux prédateurs.
Lutte contre les limaces
Dans les différentes solutions présentées, la plupart ont un effet létal sur les populations. Assurez-vous tout de même de ne pas chercher l’annihilation complète !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite parenthèse sur les anti-limaces chimiques à base de phosphate ferrique (et non pas de métaldéhyde), réputés sans danger. Si vous appliquez ce type de produit, protégez-vous en conséquence (lunettes, gants, manches longues et masque) et n’autorisez pas la présence de vos animaux domestiques sur les surfaces traitées (les effets sur les muqueuses pourraient provoquer diarrhées, vomissements…).
La méthode la plus efficace mais non la moins chronophage consiste à ramasser manuellement les populations en ayant au préalable installé des appâts aux quatre coins de votre potager (tuiles, carton, bâche…). Les limaces sortent à la nuit tombée ou à l’aurore, il faut donc être réactif et adapter l’arrosage sur ces plages horaires. Vous pouvez également utiliser de la bière, méthode très efficace mais qui saura amener les limaces du voisin et noyer les carabes…
Il est de notoriété publique d’épandre toutes sortes de poudres au printemps, grande période d’activité des limaces, mais sont-elles toutes efficaces ? Les coquilles d’œufs, la sciure, le sable, le marc de café et les aiguilles de pins sont fonction des jardins et sont controversées. En revanche, la cendre de bois (inopérant après arrosage ou pluie) et les cheveux – oui oui – ont déjà fait leurs preuves.
Épandre le produit le plus naturel possible n’est pas sans conséquence et peut amener à un dérèglement de la structure physico-chimique du sol s’il est ajouté en excès, ne l’oubliez pas !
Sur la lutte biologique, l’utilisation de vers parasites est parfois évoquée. Il s’agit d’un ver spécialiste de la limace (Phasmarhabditis hermaphrodita) livré sous forme de poudre et menant à la mort des limaces par arrêt de leur alimentation. Le coût est assez important.
Enfin, les bandes de cuivre peuvent aussi faire office de barrières, libérant un courant électrique et dissuadant les gastéropodes de pénétrer dans la zone – ou d’en sortir puisque cette méthode est utilisée dans l’élevage de limaces. Assez coûteuse, elle est pourtant très efficace pour la protection des plantes particulièrement sensibles (fraisiers, basilics) par exemple.
Mais n’oublions pas qu’il est important d’opter pour des méthodes adaptées aux conditions de son propre jardin et au degré d’« invasion » de ces limaces. Quoiqu’il en soit, nuisible ou non, chaque espèce possède sa place au jardin et y joue un rôle indispensable.