Saviez-vous que certaines plantes de votre jardin permettent de dépolluer les sols ? Depuis quelque temps, une nouvelle méthode, la phytoremédiation, émerge. Elle consiste à lutter contre les pollutions grâce aux plantes. Plusieurs sortes de plantes ont ce pouvoir et certaines d’entre elles sont même plus communes qu’il n’y paraît.
Au cours du XXIe siècle, on constate une large contamination des sols due aux activités humaines (industrie, agriculture, minage, activités militaires). Différents éléments viennent polluer les sols. Il y a les métaux lourds (fer, cadmium, plomb, nickel…), d’autres éléments minéraux (arsénique, nitrate, sulfate, cyanure…) et même des pollutions radioactives. Il existe aussi des pollutions organiques comme les résidus d’explosifs, des hydrocarbures, des produits phytosanitaires, etc. Ces pollutions sont nocives pour la biodiversité tout comme pour l’Homme. Leurs impacts se voient là où elles sont produites, mais aussi à plus large échelle. Effectivement, elles sont transportées par la faune ou les eaux courantes. Ainsi, ces matériaux polluants peuvent se retrouver dans des écosystèmes complètement différents de celui de leur lieu d‘origine, et même dans nos assiettes.
Cependant, plusieurs espèces ont la capacité de résister aux pollutions ou même de composer avec. Certaines de ces plantes, aux pouvoirs exceptionnels, se retrouvent même dans nos jardins.
Les différents types de phytoremédiations faites par les plantes du jardin
- La phytostabilisation: Il s’agit de l’action de certaines plantes qui retiennent des pollutions autour d’elles. Ce qui permet d’éviter qu’elles ne s’écoulent avec les eaux et ne polluent d’autres milieux. Certains arbres comme les peupliers, les saules ou même certains pins, en s’associant avec des mycorhizes, peuvent en effet empêcher des pollutions, comme des métaux lourds, de s’écouler dans le sol.
- La phytoextraction : Certains types de végétaux ont la capacité d’absorber les polluants et de les stocker dans leurs tissus. C’est encore le cas des peupliers qui absorbent des métaux lourds et les stockent dans leur système racinaire ainsi que l’épicéa commun, ou encore le saule. Certaines fougères ont aussi ces capacités, comme Pteris vittata qui absorbe l’arsenic. Des laitues sont, quant à elles, capables d’accumuler le cadmium. Le cadmium est un métal lourd, très dur à éliminer pour les organismes et qui est toxique tant pour les plantes que pour les animaux. Les pollutions sont ainsi extraites du sol et menacent moins l’environnement. La plante ayant extrait ces éléments n’est d’ailleurs pas ou peu pénalisée car elle se sert de ce qu’elle a absorbé pour lutter contre ses ravageurs ou les maladies. Les plantes ne stockent pas non plus forcément les pollutions dans leurs racines, elles peuvent aussi les stocker dans leurs parties aériennes (tronc, tiges, feuilles…).
- Encore plus révolutionnaire : la phytodégradation. Certains végétaux peuvent dégrader des polluants et ainsi les transformer en éléments moins nocifs pour l’environnement. C’est le cas de la coriandre ou du piment qui transforment en un résidu moins toxique le Lindane, un pesticide très puissant qui se dégrade extrêmement lentement. Cette transformation nécessite une association bien spécifique avec des bactéries du sol.
La phytoremédiation intensive
Des processus de phytoremédiation peuvent avoir lieu dans vos jardins mais, il s’agit surtout d’une nouvelle filière qui se développe à grande échelle. Des champs entiers de peupliers et de tournesols sont ainsi mis en place pour dépolluer des sols d’anciennes usines ou de mines par exemple. Ils sont ensuite retirés afin d’extraire et de traiter les polluant ailleurs.
La phytostabilisation est aussi utilisée pour filtrer les eaux. Plusieurs bassins sont remplis de plantes stabilisant les pollutions. Les eaux s’y écoulent entre elles. Une fois arrivées dans le dernier bassin, elles sont beaucoup plus propres. Certaines communes, aux populations assez faibles, utilisent même ce système pour épurer leurs eaux.
Attention, les végétaux qui ont absorbé les pollutions dans les jardins ne peuvent pas être consommés ou brûlés. Vous mangeriez des produits toxiques pour vous ou les respireriez.
Les scientifiques sont aussi constamment en recherche d’espèces dites hyperaccumulatrices qui auraient des pouvoirs dépolluant encore plus puissants pour encore mieux purifier les sols.
Les plantes de vos jardins ont donc des particularités incroyables ! Elles peuvent réduire les pollutions pour avoir un environnement plus stable. Maintenant lorsque que vous verrez un champ de peupliers, vous saurez que peut-être, celui-ci n’est pas réservé à l’industrie du bois mais plutôt pour guérir le sol.