Un corps trapu et velu, des ailes étroites peu colorées, une chenille portant sur son 8eanneau abdominal une pointe acérée mais inoffensive, et surtout prenant au repos la pose du sphinx avec son torse relevé… le Moro-sphinx est bien un papillon de la famille des Sphingidés. Tout porterait donc à croire qu’il s’agit d’un papillon de nuit. Mais, parmi les 25 espèces de Sphingidés identifiées en France, quelques-unes sont diurnes et le Moro-sphinx en est l’espèce la plus représentée. Actif la journée quand la plupart de ses cousins dorment, c’est bien là un extravagant de la famille !
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Loin d’être sédentaire, le Moro-sphinx est un grand migrateur. Avec des pointes à 55 km/h, il voyage vite et loin. Il peut parcourir jusqu’à 3000 km depuis le sud de l’Europe ou l’Afrique du Nord où de nombreux individus hivernent pour rejoindre, aux beaux jours, des zones plus au nord. De mai à juillet, ces migrateurs viennent grossir les rangs d’une première génération restée hiberner dans nos contrées à la faveur du réchauffement climatique. Une seconde génération est observable en septembre-octobre.
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Papillon ou Colibri ? Le Moro-sphinx, appelé aussi Sphinx colibri, ne papillonne pas. Comme les Oiseaux-mouches, il a adopté le vol stationnaire pour butiner sans se poser et, à raison de 75 battements d’ailes par seconde, il lui faut visiter un grand nombre de fleurs pour compenser cette importante dépense énergétique. Autre point commun avec les Colibris, il fait preuve d’une extrême précision pour viser le cœur de la fleur et y plonger sa longue trompe. Cette caractéristique anatomique lui a d’ailleurs valu son nom de genre Macroglossum, littéralement « grande langue ». Que cette trompe ne croise pas la route d’une fleur d’Onagre (Oenothera speciosa), elle resterait coincée au fond du calice. Un piège mortel pour le Moro-sphinx qui n’arriverait pas à s’en défaire !
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Côté ponte, la femelle Moro-sphinx se donne beaucoup de mal pour sa progéniture. Elle pond environ 200 œufs et, toujours en vol, les dépose un à un sur les bourgeons et les fleurs de ses plantes hôtes, les Gaillets et les Stellaires.
Une vie de fou ? Peut-être autant de raisons de l’avoir surnommé Moro-sphinx, le « Sphinx fou » !
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