En avez-vous déjà entendu parler ? Le guêpier d’Europe est l’un des oiseaux les plus colorés de France métropolitaine. Tour d’horizon sur ce migrateur aux habitudes et régime étonnants.
Il est probable que le nom qui lui soit donné soit lié à son régime alimentaire. En effet, le guêpier d’Europe est avant tout attiré par les hyménoptères, dont les espèces les plus communes sont l’abeille et la guêpe, mais également par les diptères, coléoptères et orthoptères. C’est un oiseau insectivore, capable de repérer sa proie à une centaine de mètres avant de la saisir en plein vol. Chasseur très efficace, le guêpier est compétent en matière de pirouettes aériennes, si bien qu’il est aisé d’en perdre sa trace.
Une fois l’insecte volant attrapé, le guêpier retourne à son perchoir et se produit alors un comportement original : l’oiseau jongle avec l’insecte afin de le saisir par le thorax dans son bec. Il frappe alors violemment sa proie contre la branche sur laquelle il se trouve afin de ramollir l’insecte et éventuellement extraire son venin. Une fois consommé, le guêpier ne tardera pas à rejeter des pelotes contenant les parties non digestes de l’insecte… avant de reprendre sa chasse. Sa consommation journalière atteint jusqu’à 250 abeilles !
(Source : Michel Rauch / Biosphoto)A quoi ressemble-t-il ?
Le guêpier est un oiseau très coloré : son dos est de couleur brune et jaune et son ventre ainsi que sa queue tirent sur le vert et le bleu. Sa gorge est jaune vif et se décolore en blanc jusqu’à ses joues et son front. Un masque noir entoure ses deux yeux rouges et prolonge son bec noir légèrement incurvé. Sa taille est à peu près celle d’un merle, soit 28 centimètres environ. C’est en général au mâle d’arborer les couleurs les plus vives, surtout en plumage nuptial, contrairement à la femelle et aux juvéniles.
Concernant son cri, il est assez simple : une sorte de sifflement audible de très loin et montant, semblable à un « prrrut » répété, surtout pendant la migration. Au sein du nid en revanche, son cri est plus doux.
Un oiseau migrateur
Cet oiseau, assez craintif, vient nicher en France en été où il se reproduit avant de repartir pour l’Afrique vers la fin août / début septembre. Grâce à l’augmentation des températures, sa niche tend à non plus se limiter au sud de la France, mais à remonter vers le nord. Grégaire, les colonies atteignent le plus souvent la vingtaine ou trentaine d’individus et les familles restent solidaires et se préviennent mutuellement en cas de danger. Les prédateurs du guêpier ne sont d’ailleurs pas nombreux (faucon hobereau, épervier, belette ou couleuvres) et la plupart des espèces le côtoyant profitent de leur nombre pour lutter contre les prédateurs (martin-pêcheur, hirondelle des rivages).
En France, le guêpier s’installe à proximité des cours d’eau dans des milieux assez ouverts mais contrairement à nombre d’oiseaux, il niche au sol, dans des talus de terre meuble ou artificielle. Il y creuse alors son nid avec son bec, progressivement usé, de sorte à offrir une cavité de 1 à 2 mètres de long. Près de 10kg de terre sont évacués du nid pour sa construction !
La reproduction du guêpier, monogame, est assez originale. Tout s’y déroule sur le perchoir, zone de toilettage, de parade nuptiale et de poste de garde. Le mâle, proie au bec, s’oriente vers la femelle et lui offre l’insecte en l’appelant. Elle l’accepte en faisant vibrer sa queue en éventail et en dévoilant les plumes de sa gorge, puis adopte une position de soumission afin d’inciter le mâle à la féconder.
Lorsque les conditions climatiques le permettent (chaudes et ensoleillées), la femelle effectue une unique ponte de 4 à 9 œufs maximum. La couvaison est opérée par les deux sexes et la famille restera unie jusqu’à la prochaine migration. De plus, en cas d’échec de la première ponte, une deuxième peut éventuellement se produire.
Statut de l’espèce
En raison de ses sites de prédilection et du climat, l’espèce est tantôt en danger critique d’extinction (Alsace, Bretagne, Limousin, Ile de France), tantôt vulnérable (Auvergne), voire peu concernée (Région PACA, Bourgogne). L’explication principale de son déclassement est justifiée par l’emploi des pesticides influençant la quantité de ses proies (ces fameux néonicotinoïdes), la destruction des sites de nidification et… le dérangement par les photographes, amateurs et observateurs !
Si vous avez la chance de rencontrer ces magnifiques oiseaux, n’oubliez donc pas d’être le plus discret possible et de passer rapidement votre chemin !