Gracieux petit papillon annonceur du printemps, Anthocharis cardamines se promène dans vos jardins jusqu’au début de l’été. Anthocharis veut dire « qui a la grâce des fleurs », et cardamines, « de la cardamine », l’une de ses plantes hôtes. Son nom anglais « orange tip » signifie « extrémités orangées ». Il prend tout son sens lorsque l’on observe les taches orange présentes aux extrémités de ses ailes. Celles-ci peuvent rappeler le lever du soleil, d’où le joli nom commun « Aurore » qu’on lui donne volontiers.
De taille moyenne, pas plus de 50 mm d’envergure, l’Aurore fait partie de la Famille des Pieridae qui comprend une vingtaine d’espèces en France. Elle est très largement répandue et occupe tout le territoire métropolitain jusqu’à 2000 mètres d’altitude, mais aussi une grande partie de l’Europe et peut même atteindre le cercle polaire arctique. On la rencontre principalement dans les prairies humides où se développe la cardamine des prés. Mais elle fréquente aussi les zones boisées, les lisières de forêt et les friches.
Ce papillon n’a qu’une génération annuelle, on parle alors de papillon « monovoltin ». Il apparaît le plus souvent dès mars-avril, et vous pouvez l’observer jusqu’en juillet. Cette espèce possède un dimorphisme sexuel très marqué : l’apex des ailes antérieures des mâles porte les taches orangées – ce sont eux les messagers du soleil levant – tandis que les femelles sont souvent un peu plus grandes et leurs ailes sont blanches à pointes noires.
Cette espèce se nourrit principalement de Crucifères, comme la Tourette, les Vélars, l’Alliaire et la Moutarde sauvage, mais sa préférée reste la Cardamine des prés. De plus, la femelle lépidoptère pond ses œufs sur cette plante hôte. La chenille qui en sort, verte avec une bande blanche nette sur le côté inférieur, se nourrit des fleurs et des fruits de la cardamine, puis des feuilles. De par sa couleur, celle-ci se camoufle très bien sur sa plante, on parle alors d’homochromie. La nymphose a lieu sur une tige sèche, près du sol, et la chrysalide ressemble à une épine. C’est sous la forme nymphale (ou chrysalide) que ce papillon hiverne sur la cardamine.
Malheureusement, cette plante se raréfie, suite à l’assèchement des zones humides, aux mises en cultures, à l’artificialisation des prairies, aux épandages excessifs, sans parler des insecticides et autres produits phytosanitaires. De ce fait, la population d’Anthocharis cardamines régresse elle aussi : les deux espèces étant particulièrement liées, si le végétal disparaît, le papillon aussi…
Une nouvelle illustration de l’équilibre parfois fragile de la biodiversité : espèces et milieux ont souvent des destins liés…
Ainsi, n’hésitez pas à planter des espèces locales pour accueillir la biodiversité autour de vous. En suivant les conseils Jardins de Noé et en échangeant avec notre communauté de jardiniers engagés, vous compterez sans nul doute de plus en plus de papillons dans votre havre de biodiversité !
Une envie de promenade en forêt ? Cherchez l’Aurore dans le cadre de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts !