En Europe et partout ailleurs, la diversité de plantes décline à cause des changements globaux. On observe un déclin de plantes sauvages, mais aussi de plantes cultivées.
Les raisons du déclin de la diversité des récoltes
Cela fait maintenant des millénaires que l’homme cultive le sol. Pendant tout ce temps, les agriculteurs ont sélectionné, selon les espèces, les plants de meilleure qualité. Cette sélection et l’évolution aléatoire des espèces ont permis de créer des variétés aux goûts et aspects différents, adaptées aux climats locaux. Les légumes, céréales et fruits ont de plus été échangés d’un continent à l’autre si bien qu’au fil des siècles, une grande diversité de variétés locales et paysannes ont été créées.
Cependant, en France et ailleurs, la diversité de variétés paysannes a considérablement réduit. Effectivement, 75% des variétés comestibles cultivées ont disparu ! Aujourd’hui, seules peu de variétés cultivées peuvent être vendues. Pour être commercialisées ou échangées, les graines doivent maintenant faire partie d’un registre sélectif. Pour entrer dans ce registre, les plantes au sein d’une même variété doivent toutes se ressembler. Ce principe va contre les variétés paysannes où chaque individu a son propre caractère. Ainsi, la majorité des variétés inscrites au registre sont des hybrides, conçues et possédées par de grandes entreprises, pour correspondre aux besoins du marché (belle forme du fruit, ne pourrissant pas avant longtemps, gros fruit, etc). Les agriculteurs ont un métier difficile avec des impératifs de production pour s’assurer un revenu minimum. Ils ont donc petit à petit délaissé leur semence locale pour des hybrides productifs et se vendant bien. Cependant, ils ne peuvent pas reproduire ces variétés hybrides, car la seconde génération sera beaucoup plus aléatoire avec aucune promesse de rendement. Il faut d’ailleurs aussi payer pour reproduire ces graines car elles ne leur appartiennent pas. Les agriculteurs peuvent se fournir en graines hors du catalogue, mais elles ne peuvent pas être utilisées à usage commercial (uniquement conservation, recherche et sélection). Les agriculteurs sont donc complètement dépendants de ces grandes entreprises qui vendent ces graines à un prix parfois très élevé.
Les conséquences et les risques de cette perte de diversité
Le manque de liberté des agriculteurs concernant ce qu’ils peuvent ou non semer n’est malheureusement pas l’unique problème. En réduisant la diversité des graines vendues, on réduit la diversité génétique. On perd ainsi de plus en plus de variétés locales et donc de biodiversité. C’est tout un patrimoine biologique et un savoir-faire des paysans qui est mis en danger. On perd aussi de potentielles capacités de résistances aux maladies ou aux ravageurs. Les graines de plantes hybrides sont d’ailleurs pensées pour fonctionner avec des produits phytosanitaires. Elles sont aussi parfois produites dans des régions complètement différentes des régions où elles sont vendues et en serres. Ces variétés ne sont donc pas forcément adaptées aux climats locaux. Il a aussi été montré que la qualité nutritionnelle des nouvelles variétés cultivées diminuait ! Soit parce que les concentrations de nutriments sont plus faibles, soit parce qu’ils deviennent plus difficiles à digérer. C’est le cas du gluten par exemple.
Comment aller contre ce déclin ?
Il faut essayer de changer la loi du marché en faveur des légumes parfaits et identiques. Pour cela rien de mieux que de privilégier les légumes et fruits un peu biscornus. Vous avez un article sur d’autres raisons pour ne pas délaisser ces légumes.
Vous pouvez également acheter des légumes ou autres produits locaux. Enfin pour vos jardins, essayer d’acheter des semences qui sont reproductibles. Effectivement, à usage amateur, il est possible d’acheter et de faire circuler des graines non inscrites au catalogue (mais pas des plants). Des organisations travaillent pour faire en sorte que tous puissent accéder à ces semences reproductibles librement. Cependant, elles peuvent se confronter aux grandes entreprises semencières, il faut donc soutenir leur activité. Vous avez par exemple Kokopelli qui est l’une des plus connues, mais il en existe bien d’autres selon les départements. Si vous achetez des semences locales, elles seront aussi certainement plus adaptées à votre climat. En jardinerie, vous pouvez aussi faire attention lors de vos achats à l’étiquette F1 qui indique les semences hybrides. Il existe aussi des conservatoires nationaux qui travaillent pour sauvegarder le patrimoine génétique végétal cultivé ou sauvage. Vous pouvez aussi soutenir leurs travaux en faisant attention aux espèces envahissantes dans vos jardins et en choisissant bien ce que vous plantez et consommez. Vous pouvez aussi aider les semenciers et les conservatoires en accueillant certaines variétés même si vous comptez ne pas les consommer.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le réseau semences paysannes ou encore regarder des documentaires comme cash investigation : Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes sur YouTube.