La doradille des murailles

une fougère qui cache bien son jeu

Les fougères sont des plantes fascinantes apparues il y a 400 millions d’années et qui ont conquis principalement les zones tropicales en raison de leur mode de reproduction nécessitant un milieu humide. De fait, souvent dites « primitives », ce sont des spores qui leur permettent de se reproduire et non des fleurs et des graines.

Partons ensemble à la rencontre des fougères et plus particulièrement de la doradille des murailles ou Asplenium ruta-muraria, de la famille des Aspleniaceae, une petite fougère de chez nous.

A quoi la reconnaît-on ?

La Doradille des murailles est une petite fougère dont les frondes mesurent entre 5 et 15 cm de long. Ses frondes persistent en hiver et présentent une forme ovale ou triangulaire. Elles naissent à partir d’un rhizome court, brun, qui se développe en général dans une fissure de mur ou de rocher.

© Steen Drozd Lund / Biosphoto

Le limbe est profondément divisé deux voire trois fois. Les folioles ont, quant à eux, une forme plutôt losangique. Le pétiole vert est aussi long, parfois plus long, que la fronde.

Les spores sont généralement de couleur sombre et sont présents sur la face inférieure du limbe. Les folioles fertiles portent de 1 à 5 sores regroupant de nombreux sporanges. Chaque sporange contient 64 spores. La période de sporulation survient de mars à novembre. Les spores sont disséminées par le vent, c’est ce qu’on appelle l’anémochorie.

La Rue des murailles vit sur des rochers secs de nature calcaire ou dans les fissures des murs de construction. On ne la trouve généralement qu’en dessous de 1 000 m d’altitude en Amérique du Nord, en Algérie, en Europe et en Asie.

© Tristan Lafranchis / Biosphoto

Elle doit probablement son nom, Ruta-muraria, à sa ressemblance avec une herbacée, la Rue odorante (Ruta graveolens). Au premier abord, les petites feuilles de la Rue des murailles ne font pas penser à une fougère plutôt à une minuscule salade frisée. Il n’y a cependant aucun doute quant à son appartenance au groupe des fougères en observant ses sporanges situés sous ses frondes.

A l’épreuve de la rue

La doradille des murailles est une des plantes les mieux adaptées au milieu urbain. Elle colonise les fissures des murs calcaires et des monuments qu’ils soient en situation ensoleillée ou ombragée. Son procédé est simple : elle émet des spores en été à partir des sores situés à la face inférieure de ses frondes. Ses spores s’envolent et peuvent germer dans des fentes de murs et des rochers. Ainsi, en ville, on peut souvent observer cette fougère dans les fissures des vieux murs. Elle reste verte toute l’année et ne craint pas la sécheresse.

© Chris Mattison / Photoshot / Biosphoto

La doradille et l’Homme

La doradille des murailles est un bon indicateur de la qualité de l’air des villes car, comme beaucoup d’autres espèces, elle est défavorisée par la pollution atmosphérique. Lorsque la pollution est trop forte, on peut observer une diminution de son effectif.


Le Saviez-vous ?

Un bio-indicateur est un indicateur constitué par une espèce végétale, un champignon ou un animal dont la présence ou l’état renseigne sur certaines caractéristiques écologiques de leur environnement. Les lichens, par exemple, réagissent à des doses très faibles de polluants ce qui permet de constater si leur milieu est pollué ou non.


Par ailleurs, elle était autrefois utilisée à des fins médicinales : sa décoction était utilisée contre la toux et pour lutter contre la jaunisse ; les frondes bouillies dans de l’huile de camomille étaient censées lutter contre les pellicules et la chute des cheveux.

En ce qui concerne la famille des Asplenium, il semblerait aussi qu’elles aient été utilisées dans le traitement des affections du foie et de la rate. Cette famille hériterait ainsi son nom du grec Splenon qui signifie « la rate ».

A présent, ouvrez l’œil lorsque vous vous promenez, vous n’êtes pas à l’abri de découvrir que vous avez une doradille pour voisine !


Pour en savoir plus :

« Sauvages de ma rue » est un programme de science participative qui invite les citoyens à reconnaître les espèces végétales qu’ils croisent dans leur quotidien : dans la rue, sur les pieds d’arbre, dans les pelouses… Des outils sont mis à la disposition des participants, permettant de mettre la main à la pâte même sans connaissances en botanique. N’hésitez pas à consulter le site Sauvages de ma rue  pour plus d’information et devenez, vous-aussi, un expert de vos voisins sauvages !

http://sauvagesdemarue.mnhn.fr

Bibliographie

  • Sauvages de ma rue
  • Tela botanica
  • Flore du poitou
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