Les haies ont un rôle écologique très important, elles sont très utiles pour la biodiversité qui s’y réfugie, mais aussi pour l’homme. Apprenez à connaître cet habitat aux nombreux intérêts…
Tout, sauf un mur !
Le triste déclin des haies…
Les haies ont longtemps fait partie du paysage de bocage en campagne, notamment dans la plupart des régions d’élevage comme le pays de Bray, la Suisse Romande, le Morvan ou la Bretagne. Les haies constituaient des éléments essentiels à préserver car elles jouaient plusieurs rôles importants : le premier était bien sûr de limiter les propriétés et de constituer une clôture naturelle pour le bétail. Elles fournissaient aussi du bois de chauffe, produisaient des fruits et apportaient du fourrage en fin d’été pour les animaux d’élevage.
Les haies autrefois fondamentales sont devenues gênantes depuis le remembrement : elles empêchent le passage d’engins agricoles de plus en plus encombrants, freinent l’agrandissement des champs, prennent une place qui pourrait être en culture, et nécessitent un entretien important. C’est ainsi qu’aujourd’hui, elles ont presque disparu dans certaines régions…
Un petit monde pourtant fascinant !
Les haies, alignements plus ou moins ordonnés et diversifiés d’arbustes, sont semblables par leur écologie aux lisières forestières et représentent un milieu d’une incroyable richesse en termes de biodiversité. Elles offrent en effet de la nourriture pour les insectes (tant par les fleurs que par les feuillages ou les bois morts), pour les oiseaux (par les baies) ou pour les micromammifères comme les écureuils, les musaraignes ou les hérissons. Elles fournissent aussi un milieu idéal pour la nidification de nombreux oiseaux, parmi lesquels le rouge-gorge, les mésanges et les perdrix. Cette biodiversité assure ainsi un bon équilibre entre les différentes plantes et animaux, ce qui limite la prolifération d’espèces qui peuvent nuire aux cultures. Selon les saisons, la haie donne des couleurs et des odeurs diverses et variées. Au printemps, un festival de fleurs envahit les arbustes et de magnifiques bouquets champêtres peuvent être réalisés avec le genêt, le chèvrefeuille, le houx ou encore l’églantier. En été, certains fruits peuvent être utilisés pour faire des confitures ou autres mets délicieux, comme les fruits de la ronce, de l’aubépine ou des prunelliers. En automne, c’est les couleurs rousses et dorées des feuilles prêtes à tomber qui illuminent le jardin. Si la haie n’existait pas, il faudrait l’inventer !
200 000 !
C’est le nombre de kilomètres de haies qui ont été arrachés dans notre pays depuis les années 60.
La haie champêtre : pour la fin du « béton vert » !
Malheureusement, les haies de nos jardins sont encore trop souvent moins riches en faune et en flore qu’elles pourraient l’être : 80 % sont en effet composées de thuya, cyprès et laurier-cerise. Espèces exotiques, à feuillage persistant, mais qui n’offrent que peu de ressources aux insectes et autres animaux de nos contrées. Leur feuillage et leurs fruits sont peu consommés, le sol, acidifié par les écailles des résineux et plongé dans l’obscurité ne permet pas aux plantes de pousser…
Un régulateur naturel du climat
En été, grâce à l’ombre que la haie produit, le sol se dessèche moins. En hiver, elle constitue un obstacle au vent froid. Une haie de hauteur variable et pas trop dense, comme une haie champêtre, est de manière générale un excellent brise-vent ! Ainsi, durant toutes les saisons, les températures sont plus agréables et la haie protège efficacement le jardin.
Une protection pour le sol et pour l’eau
Comme beaucoup de végétaux, les arbustes constituant la haie permettent de limiter l’érosion* du sol. En couvrant ce dernier, ils empêchent le vent et l’eau de pluie d’emporter avec eux la terre et de causer des déferlements de boue dramatique. La Bretagne fait ainsi partie des nombreuses régions ayant subit des glissements de terrain consécutifs à l’arrachage des haies. Outre les graves dégâts causés, c’est la terre indispensable à la culture qui se retrouve souvent inutilement dans les fossés ! Les racines permettent également à l’eau de mieux s’infiltrer dans le sol pour rejoindre les nappes phréatiques*, ce qui évite bon nombre d’inondations et contribue à faire des réserves d’eau en cas de sécheresse. Enfin, les racines permettent de piéger les excès de produits polluants agricoles et protègent ainsi les cours d’eau environnant.
La nature fait bon usage des feuilles mortes
A l’automne, les feuilles tombées au sol et en décomposition nourrissent de nombreux insectes, vers de terre et bactéries, qui en les digérant donnent au sol une matière très riche en minéraux, indispensable au renouvellement de la terre. C’est ainsi que les haies lèguent au sol un engrais naturel appelé humus*. Le hérisson quant à lui ne mange pas les feuilles mais les utilise pour confectionner son nid douillet qu’il occupe pendant tout l’hiver.
Et les branchages ?
Les branches taillées peuvent tout simplement servir à allumer un feu de cheminée ou un barbecue. Glissés sous la haie ou le bosquet, les branchages fournissent des abris à la faune sauvage. Par ailleurs, les jeunes branches taillées de la haie, une fois broyées, peuvent être compostées, utilisées comme paillage ou directement incorporées dans les premiers centimètres du sol. Elles sont ainsi recyclées en BRF (Bois Raméal Fragmenté), excellent fertilisant du sol. Les branches âgées ou taillées en hiver des feuillus et celles des thuyas ou des cyprès se décomposent quant à elles plus lentement ou fournissent un compost toxique. Toujours broyées, ces branches constituent simplement un excellent paillis. En effet, épandu au sol, le broyat garde l’humidité et limite le développement des plantes indésirables.
L’anecdote
Les haies de thuya offrent un lieu de nidification pour quelques oiseaux, mais leur biodiversité est très réduite, d’où le terme de « béton vert » qui les qualifie parfois.
Notes et références
Bibliographie
Le jardin naturel, Vincent Albouy, Delachaux et Niestlé, 2005