A la construction de bois s’attachent de nombreux préjugés : les constructions de bois brûlent vite en cas d’incendie, les maisons de bois sont dévorées par les insectes, le bois demande beaucoup d’entretien …
L’histoire de l’architecture de bois est pourtant longue. Pendant de nombreux milliers d’années, le bois fût un des matériau le plus employé dans l’architecture. Dans certaines partie du monde, en particulier en Asie, se trouvent encore de très nombreux villages entièrement construits de bois. Sur les rives du Bosphore s’élèvent également d’élégants palais, résidences et pavillons de bois, édifié jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
En France, l’architecture de bois a connu des évolutions en lien étroit avec le contexte économique et social du moment. Nous vous proposons de faire un petit voyage dans le temps et remonter le fil de cette histoire.
En Occident, le bois est un matériau de construction très répandu dès le paléolithique. Alors utilisé comme élément de structure, il était complété d’ossements animaux, de textiles ou de peaux. C’est au néolithique, avec la sédentarisation des populations qu’apparait la véritable maison de bois ! Plusieurs techniques voient alors le jour, certaines encore observables aujourd’hui comme les maisons de rondins ou à pans de bois. Selon les régions, il cohabite avec la terre crue ou cuite, les mortiers ou la paille. Tout dépend de la ressource majoritaire du territoire !
Au Moyen-Âge et au début de l’époque moderne, les bâtiments des villes sont majoritairement faits de bois. S’il a l’avantage d’être économique, facile à mettre en œuvre, local, résistant à la pression comme à la flexion et d’être un bon isolant, il reste aussi un matériau inflammable. Ainsi, durant le Grand Incendie de Londres en 1666, les flammes se propagent rapidement parmi les petites maisons mitoyenne et les rues très étroites qui constituent la majorité du tissus urbain.
L’usage du bois en ville recule progressivement. Il n’est plus utilisé que pour certains éléments de structure comme les planchers, poteaux, linteaux, huisseries, ect … Selon les régions, les vides sont alors remplis de pierres, briques, paillage, mortier. Si la tradition de l’architecture à pans de bois – qui a l’étonnant avantage d’être démontable et remontable – persiste dans certaines régions comme l’Alsace, la Normandie ou le Pays-Basque, l’architecture de pierre prend peu à peu la première place. Se développe par exemple dans la France du XVIIe siècle l’art de la stéréotomie qui utilise de la pierre pour construire voûtes et encorbellements en remplacement du bois. Le bois reste pourtant bien présent dans les habitations. Il se cache dans les combles et les charpentes ou se fait remarquer par ses moulures et dorures dans les salons.
Au cours du XIXe siècle, l’usage du bois est progressivement abandonné pour les structures portantes. On lui préfère des matériaux nouvellement mis au point comme la fonte puis le béton armé ou l’acier.
Pendant un temps le bois semble alors oublié des architectes … Il fait quelques apparitions décoratives sur les façades d’immeubles de style Art Nouveau ou Liberty.
Avec les années 1960, l’architecture de bois connait une seconde jeunesse. Une nouvelle génération d’architectes profite d’une filière qui s’est modernisée et industrialisée. Les inspirations sont diverses pour cette première vague qui concerne majoritairement des demeures de villégiatures qui reprennent et modernisent les motifs vernaculaires et traditionnels. Sur la côte atlantique fleurissent ainsi les maisons Girolle qui transforment en bungalow tout confort les cabanes typique des pêcheurs et ostréiculteurs.
Au cours des années 1970, les influences viennent plutôt de l’Amérique du Nord ou du Japon. Les architectes comme Pierre Lajus proposent des maisons dont la construction est préfabriquée et dont le chantier n’est plus qu’un simple montage. Ces expérimentations qui restent ponctuelles trouvent un écho nouveau à partir du début des années 1980 dans ce que l’on a appelé l’Industrialisation Ouverte. L’inflexion écologique de la fin des Trente Glorieuses s’associe alors à un rejet des immeubles de béton armé standardisés, répétitifs et d’une valeur architecturale toute relative. De nombreux projets sont alors lancés, proposant la création de petits lotissements, centres de vacances … La filière bois est cependant durement touchée par la crise économique des années 1980 et ces grands projets de renouveau et d’alternative à la maçonnerie lourde sont largement ralentis avant de tomber dans l’oubli.
Il faut attendre le début du XXIe siècle et l’apparition de nouveaux enjeux climatiques pour que le bois soit revalorisé comme matériau de construction. En effet, fabriquer en béton est extrêmement polluant ! Les constructeurs se tournent aujourd’hui de plus en plus vers le bois, ressource naturelle et renouvelable, pour élever des édifices qui montent parfois jusqu’à huit ou dix étages.
A Strasbourg a ainsi été inaugurée en 2019 une tour de bois de 38 mètres de haut ! Et en Finlande, un nouveau quartier de la ville d’Helsinski se construit complètement en bois.
Ces nouvelles constructions sont présentées comme très écologiques, à l’impact carbone limité, économiques et élevées très rapidement.
Nous vous proposons, pour les deux prochains mois d’explorer la question en détail. Quels sont les avantages à choisir le bois pour construire sa maison ? Quel en serait l’impact sur l’environnement ? Le mois prochain nous nous pencherons sur la question de la filière du bois de construction en France et des qualités de cette ressource. Au mois d’avril nous explorerons la réalité des chantier des maisons de bois pour vous donner toutes les clefs dont vous aurez besoin si vous envisagez d’opter pour ces nouvelles façons de voir la construction.
Sources :
Berthier Stéphane, « Le renouveau de l’architecture de bois en France, 1965-1985 : une expérimentation industrielle » in Livraisons de l’histoire de l’architecture, n°34, 2017. pp. 49-60
https://www.maisons-en-bois.com/histoire.html