La pollution lumineuse représente une réelle menace pour la biodiversité et la santé humaine, on estime à plus d’un milliard le nombre d’insectes qui meurent chaque nuit sous les lampadaires l’été en France (ACS Owens et al. 2018). et 24% des Français sont exposés à l’éclairage public dans leur chambre et jusqu’à 31 % en ville (OpinionWay). Bien que lutter contre la pollution lumineuse nécessite principalement des aménagements à grande échelle, au jardin quelques gestes simples peuvent permettre de protéger la faune (et même la flore) nocturne et de réaliser des économies d’énergie. Découvrez-les pour les appliquer dès que possible !
Les règlementations
En France, l’éclairage extérieur, même dans son jardin, est soumis à des règlementations par un arrêté ministériel du 27 décembre 2018 prescrivant des mesures pour différentes catégories d’usages d’éclairage, qui doivent s’appliquer depuis le 1er janvier 2020 pour toutes les nouvelles installations. Cela concerne notamment les éclairages de sécurité et de confort des particuliers, c’est-à-dire, par exemple, des éclairages de cheminement dans son jardin, l’entrée de son garage ou de sa maison. Il est également interdit pour tous, d’éclairer l’eau, qu’il s’agisse d’une mare, d’un bassin, d’un étang, car les milieux aquatiques sont particulièrement sensibles à la lumière artificielle nocturne. Dans tous les cas, limiter autant que possible l’éclairage extérieur la nuit est la responsabilité de chacun !
La phrase à retenir : favoriser la sobriété de l’éclairage plutôt que la sobriété énergétique
Un piège sur lequel il ne faut pas tomber est de confondre sobriété de l’éclairage et sobriété énergétique. En effet, grâce aux avancées technologiques, il est devenu facile d’installer des éclairages extérieurs à peu de frais et qui ne consomment pas forcément beaucoup d’électricité (lampes solaires ou basse consommation). Avant d’installer un éclairage, la première règle est toujours de s’interroger sur la nécessité de le faire.
Traditionnellement, installer des éclairages peut être synonyme de travaux pénibles (devoir tirer des câbles électriques par exemple) qui requiert des compétences particulières ou de coûts élevés avec une consommation électrique forte . Cela limite nos exigences de confort et pousse parfois à chercher des alternatives plus simples et meilleures pour la biodiversité, comme utiliser simplement une lampe torche quand on sort fermer son portail par exemple. Mais avec les avancées technologiques, on peut avoir tendance à installer plus d’éclairage tout en restant dans une certaine sobriété énergétique, mais cela ne changera pas les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité !
Il est donc important de s’interroger sur la véritable nécessité de cet éclairage nocturne, pour ne pas tomber dans un acte automatique de consommation !
N’éclairez pas pour rien…
Quelques habitudes sont faciles à prendre, en commençant par celle d’éviter l’utilisation de sources lumineuses non indispensables au jardin. Par exemple, vous pouvez éteindre tous les éclairages extérieurs dès que vous rentrez dans votre maison. Un geste simple mais essentiel pour préserver les animaux nocturnes qui permet aussi de diminuer votre facture d’électricité !
…juste quand il faut !
Utilisez des systèmes d’éclairage avec minuterie ou encore préférez ceux avec détecteur de mouvement pour éclairer par exemple les allées ou les portes de garage. De la lumière au bon moment et le temps qu’il faut. Parfait, non ?
Et pourquoi pas opter pour les photophores et les lanternes durant les soirées d’été au jardin ? En plus à la lueur de la bougie, l’ambiance est charmante !
Éclairer uniquement la surface utile !
Préférez les sources de lumière avec un faisceau concentré ; évitez notamment tous les systèmes « à globe » – qui gaspillent de l’énergie en éclairant le ciel, et dérangent les animaux sur un périmètre bien plus important – et adoptez les systèmes « abat-jour ». Pour information, la part maximale de lumière renvoyée au-dessus de l’horizontale autorisée est de 4% et 95 % du flux lumineux doit être concentré dans un angle de 151°, de façon plus simple il faut privilégier des éclairages visant ce que l’on souhaite éclairer et qui ne déborde pas excessivement aux alentours ou vers le ciel !
D’après la règlementation en place, les lumières qui émettent plus de 50% au-dessus de l’horizontale, installées avant 2020 devront être changées avant 2025. Les lumières dont l’horizontalité peut être corrigée sans changer le matériel (ex : simple pas de visse à ajuster) doivent l’être sans délai.
Utilisez des ampoules économes
Privilégiez l’éclairage à économie d’énergie en utilisant par exemple les lampes fluo-compactes, les lampes à sodium basse pression. De manière générale, évitez les lampes ayant une puissance trop importante (supérieure à 100W) et des températures de couleurs non attractives pour la biodiversité nocturne (la température de couleur maximale autorisée étant de 3000 k). Lisez bien les indications sur l’emballage !
Éclairez faiblement
Les règlementations en place indiquent une quantité maximale de lumière autorisée sur la surface que l’on cherche à éclairer de 35 lumen/m2 (en agglomération) ou 25 lumen /m2 (hors agglomération). Il faut donc essayer de ne pas éclairer trop fort, surtout quand ce n’est pas très utile pour la zone éclairée : cela impactera moins les espèces et réduira votre consommation énergétique !
Évitez les pièges à insectes
Pour protéger les insectes nocturnes, il convient d’éviter l’éclairage nocturne des piscines qui amène beaucoup d’insectes à se noyer (causant d’ailleurs des problèmes pour le nettoyage ou les filtres).
De manière générale, évitez également tous les luminaires à ampoules nues, ou ceux qui, par leur conformation, piègent les insectes comme dans une nasse.
Observez vous-même les impacts de la pollution lumineuse !
Si vous souhaitez avoir une idée de l’impact de la pollution lumineuse dans votre jardin, il existe un protocole (Insectes et ciel étoilé) accessible à tout à chacun permettant d’observer les insectes nocturnes et les étoiles dans votre propre jardin ! A l’origine un programme de sciences participative à l’échelle nationale, les données ne sont aujourd’hui plus récoltées mais il est toujours intéressant à mettre en place pour des observations locales ! Pour ce faire, il vous suffit de vous munir d’un drap blanc et d’une lampe classique. Il est préférable de choisir un milieu dégagé, au plus proche d’un espace riche en végétation. Préférez une belle soirée de temps chaud et de nouvelle lune afin de réussir au mieux votre observation (la pleine lune réduisant la fixation des insectes sur le drap et la visibilité des étoiles). Vous n’avez plus qu’à placer votre drap sur le sol et l’ampoule disposée au dessus au coucher du soleil et attendre une petite heure.
Ensuite il ne vous reste plus qu’à compter le nombre d’insectes de différentes espèces présents sur votre drap. Vous devriez notamment voir des papillons nocturnes mais également d’autres espèces, qu’il peut être intéressant d’identifier. Ce qui est intéressant avec ce protocole est qu’il mélange observation de la biodiversité (insectes) et observation des étoiles ! Vous pouvez en effet après l’observation des insectes sur cotre drap, compter le nombre d’étoile d’une certaine constellation observable. Cela permet ainsi de mettre en lien deux conséquences de la pollution lumineuse : l’impact sur la biodiversité et l’impact sur la perte d’observation des étoiles. Vous pouvez ainsi répéter ce protocole sur divers localisations ou a plusieurs moments pour identifier l’évolution de l’impact de la pollution lumineuse chez vous ! Pour vous aider à l’identification des constellation et des insectes, vous pouvez vous appuyez sur ce document.
Pour plus d’informations sur la pollution lumineuse, n’hésitez pas à consulter notre article dédié.