Pourquoi limiter l’éclairage de nuit ?

Admirez et vous aussi, laissez-vous guider par les étoiles !

Chaque nuit, dès que reviennent les beaux jours, les éclairages de jardins provoquent la mort directe ou indirecte de centaines d’insectes nocturnes. De plus en plus rares, certains sont maintenant proches de l’extinction. Eclairer son jardin alors que tout le monde dort, et être à l’origine de la disparition d’espèces animales… cela en vaut-il la chandelle ?

Admirez et vous aussi, laissez-vous guider par les étoiles !

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© D. Delphino / Biosphoto

L’hécatombe de la faune nocturne…

L’éclairage nocturne fait partie des 3 causes principales du déclin des papillons, avec l’abus de pesticides et la détérioration des habitats. Pour certains scientifiques, ce pourrait même être la première cause de la raréfaction des papillons de nuit.
Instinctivement, ce sont de nombreux insectes nocturnes qui sont attirés par les sources lumineuses. Ils peuvent mourir d’épuisement à force de tourner autour des sources lumineuses voire à se brûler les ailes sur certaines ampoules chauffantes ou tomber au fond de globes lumineux qui agissent comme de véritables pièges. Et s’ils ne sont pas piégés ou tués par l’installation elle-même, ils sont fréquemment victimes de leurs prédateurs naturels, chauves-souris, crapauds et autres, attirés par la présence de proies en si grand nombre !
La modification de l’environnement lumineux, notamment dans nos grandes agglomérations, a morcelé considérablement les habitats propices aux espèces nocturnes. Les endroits éclairés deviennent ainsi de véritables barrières, cloisonnant les populations et fragmentant les milieux naturels, réduisant les chances de rencontre et de reproduction des espèces, vitales pour assurer le maintien des populations.

Les pipistrelles, petites chauve-souris à vol rapide, sont attirées par nos lumières, à la recherche de leurs proies favorites. On pourrait penser que cette espèce est favorisée par l’éclairage, mais imaginons sa détresse si les insectes venaient à se raréfier dramatiquement ! Pour d’autres chauve-souris comme les rhinolophes, dit lucifuges, la lumière est à éviter absolument. Ceux-ci fuient tous les combles éclairés et ne supportent pas la lumière qui croise leur chemin.

Les petits passereaux de nos mangeoires en hiver sont aussi concernés ! Le rouge-gorge, qui l’hiver accompagne fidèlement le jardinier souffre lors de ces migrations des halos des villes qui troublent sa trajectoire. Le merle et la mésange vont chanter plus tôt que d’habitude en zone éclairée et nicher prématurément. Ces nichées précoces sont malheureusement souvent vouées à l’échec…

Le triste sort du ver luisant…

La généralisation des lumières nocturnes empêche les mâles du ver luisant de repérer la lumière émise par les femelles. Ce problème, ajouté à la forte mortalité due aux pesticides, serait à l’origine du déclin de la luciole, autrefois si commune dans nos jardins.

Nous sommes tous concernés !

La lumière influe aussi sur les cycles de vie de tous les être vivants, jouant sur les systèmes hormonaux et nerveux. Des études actuellement en cours semblent montrer que l’absence de noir total augmenterait la probabilité d’apparition de cancer chez l’homme, suite à la modification du cycle d’une hormone, la mélatonine. Chez les insectes nocturnes, plus sensibles que nous à la lumière, les lumières artificielles sont certainement responsables de nombreux dérèglements, dont on commence à peine à entrevoir l’importance.

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Ce serait le pourcentage de l’énergie dépensée par la plupart des lampadaires pour… éclairer le ciel !

Un gaspillage énergétique de taille

Les lumières extérieures sont à l’origine d’une incroyable consommation d’énergie, souvent bien inutile. Une étude a estimé que les USA dépensaient chaque année 1,5 milliards de dollars à éclairer le ciel, alors qu’il existe des réverbères améliorés, capables d’éclairer aussi bien la chaussée avec une consommation moindre.

Préserver les conditions d’observation astronomique

Les lampadaires qui éclairent le ciel sont à l’origine des « halos crépusculaires » qui colorent d’orangé le ciel, et rendent la voie lactée et 90 % des étoiles invisibles à la plupart des Français.Ces halos sont aussi liés à la pollution atmosphérique, et témoignent de l’air vicié de nos villes. Ils sont un bon indicateur de la qualité de l’air que nous respirons, en plus de traduire un gâchis d’éclairage bien trop élevé. Pour l’astronome amateur, c’est un problème majeur car l’accès à un ciel obscur est de plus en plus rare. Les astronomes professionnels sont également exposés au problème. En effet, la collecte de données devient difficile malgré des matériels coûteux de plus en plus sophistiqués.

Les oiseaux migrateurs, qui se déplacent la nuit, sont également fortement gênés par les halos crépusculaires et n’arrivent plus à s’orienter avec les étoiles. Cela implique alors des changements de trajectoires pouvant leur être fatal (collisions, épuisement, etc.). Protéger le ciel c’est aussi protéger les espèces !

De belles nuits étoilées à l’horizon…

Imaginons le spectacle lumineux des étoiles et de la lune, allongé sur un transat dans le jardin ou au coin de la fenêtre. Quel bonheur !

L’anecdote

Après le couvre-feu sévère de la seconde guerre mondiale, des milliers de papillons de nuit, qui avaient profité de cette situation particulière, furent observés dans Paris. La remise en service des réverbères les fit disparaître en quelques semaines !

Notes et références

Liens internets

Découvrez le programme « Nuits de Noé » et son guide d’accompagnement de la Charte de l’éclairage public

Site internet de l’Association Nationale pour la Protection du Ciel Nocturne : www.anpcen.fr

 

 

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