Le 15 février 2016 se tenaient les Rencontres Techniques organisées par le Conseil Général du 93 et le Lycée du Paysage et de l’Environnement Fénelon. Le thème était « Les Sols en Ville ». Et pour échanger sur ce sujet d’importance, qui de mieux que Claude et Lydia Bourguignon ?
Le sol, une terre d’accueil de la biodiversité !
Un laboratoire d’analyse de sol spécialisé dans l’étude écologique de profil cultural
Créé en 1990 par Claude et Lydia Bourguignon, le LAMS ou Laboratoire Analyses Microbiologiques Sols est un laboratoire indépendant au service des agriculteurs, vignerons, gestionnaires de terrains sportifs, maraîchers, arboriculteurs, éleveurs, associations et collectivités locales.
Son objectif : restaurer la biodiversité des sols de terroir afin de les valoriser de façon durable tout en préservant l’environnement.
En apportant des conseils sur la gestion des sols étudiés (utilisation de BRF, semis direct sous couvert, travail du sol, …), l’équipe du LAMS permet, par exemple, aux agriculteurs d’améliorer la qualité et la typicité des denrées agricoles.
Le laboratoire a réalisée plus de 6000 analyses de sol en Europe et dans le monde. Ainsi, en se basant sur des paramètres physiques, chimiques et biologiques d’échantillons de sol prélevés sur le terrain, les Bourguignon et leur équipe ont défini des critères de qualité et de vocation des sols, trop négligés aujourd’hui.
Le comptage des espèces réalisé lors des analyses permet une estimation quantitative (nombre d’animaux par hectare) et qualitative (diversité des espèces du sol) de la vie du sol.
Le LAMS est aussi une affaire de famille puisque le fils de Lydia et Claude, Emmanuel, est depuis quelques années directeur du développement du laboratoire.
Un milieu vivant et riche
Le sol est un véritable écosystème vivant à la richesse inestimable, un milieu à part entière qui profite peu, hélas, de l’attention des scientifiques.
Pourtant le sol est un milieu dynamique et non juste un support ! Il s’agit d’un véritable carrefour multifonctionnel : support des êtres vivants terrestres, habitat à biodiversité « souterraine » importante, réservoir et lieu de transformation de la matière organique.
Le schéma présente les différents horizons (différentes couches) qui constituent le profil du sol.
A chaque horizon correspond un groupe de la faune du sol. Ces différents groupes interargissent sans cesse :
– La faune épigée, dont fait partie les collemboles, cloportes et les nématodes (vers ronds) par exemple.
Cette faune vit à la surface du sol et se nourrit de la litière de tous les déchets organiques qui sont en surface et qu’elle dégrade progressivement en humus. Elle est fortement détruite par les labours qui l’exposent au soleil, car elle craint la lumière. En circulant dans la couche de surface, cette faune crée de nombreuses galeries qui confèrent à la « peau » du sol une très forte porosité : il y a 80% d’air à la surface du sol !
– La faune anécique, dont les exemples emblématiques sont les vers de terre (ou lombrics) qui aèrent et brassent le sol de la surface vers le fond. Les lombric vivent dans les terriers verticaux. Ils sont nocturnes : toutes les nuits, ils remontent chercher de la litière, puis font demi-tour, vident leur intestion à l’extérieur de la galerie et replongent en profondeur. riche en argile, avec le sol de surface, riche en humus. 300 à 1000 tonnes de terre par hectare pasent ainsi chaque année dans leurs tubes digestifs, ce qui équivant à une épaisseur de trois à dix centimètres de terre !
– La faune endogée, qui vit en profondeur et mange les racines mortes. Elle assure l’aération du sol permettant ainsi aux racines de s’enfoncer. Sa présence est indicatrice de bonne santé du sol. Les espèces sont plus petites, aveugles, souvent de couleur blanche et plus allongées afin de suivre les réseaux des racines les plus fines. Grâce à elles, les racines mortes ne s’accumulent pas dans le sol et laissent la place à l’eau et aux nouvelles racines. Cette faune assure la porosité de 60% au sol de profondeur, ce qui permet la respiration des racines.
On voit ainsi que chaque faune a un rôle très particulier. L’épigée décompose la litière et aère le sol de surface, l’endogée digère les racines mortes en profondeur alors que la faune anécique mélange les diférentes couches de terre.
La fragilité des sols due à l’utilisation des pesticides se traduit à trois niveaux :
– biologique : la faune du sol meurt ;
– chimique : les éléments nutritifs sont lessivés ce qui cause la pollution des nappes phréatiques et l’acidification des sols ;
– physique : le calcium présent dans le sol ne se fixe plus, ce qui entraine le déséquilibre du complexe argilo-humique (résultant de l’agglomération de particules argileuses et d’humus) et ainsi l’érosion des sols et des dégâts environnementaux.
Le sol est donc bien plus qu’un simple support pour nos plantations, c’est un espace de vie à part entière qu’il faut préserver en supprimant l’utilisation des pesticides dans nos jardins.
Aller plus loin
Le site internet du LAMS où sont recensées les différentes conférences auxquels participent Claude et Lydia Bourguignon.
Un Conseil de Noé à découvrir ou à redécouvrir : Améliorer son sol en respectant l’environnement.
Une fiche dédiée au ver de terre.
Et pour le coin lecture : Le sol, la terre et les champs de Claude et Lydia Bourguignon, Edition Sang de la Terre, juin 2008.