Les perce-oreilles (ou forficules)

Le perce-oreille passe souvent pour une espèce nuisible, mais à moins de vraiment pulluler, cette mauvaise réputation est exagérée d’autant qu’il sait se rendre utile. Découvrez les services qu’il rend et apprenez à les accueillir naturellement dans votre jardin.

Qui sont-ils ?

Les perce-oreilles ou forficules (Forficula auricularia), considérés comme des insectes primitifs, font preuve d’un instinct maternel extrêmement développé. La femelle perce-oreille pond 50 à 70 œufs en automne sous les écorces ou dans le sol. Elle surveille ses œufs, les nettoie pour les débarrasser des moisissures, les retourne, les regroupe et peut même les déplacer pour leur éviter des variations de température et d’humidité ! Ce comportement maternel est unique chez les insectes. Les jeunes sortent à la fin de l’hiver et ont une durée de vie d’environ un an.

La particularité des perce-oreilles est leurs pinces postérieures. Celles-ci sont dures, mobiles et les aident à replier leurs ailes après le vol. Chez le mâle, elles peuvent atteindre 4 mm.

Les perce-oreilles vivent dans des endroits sombres et humides (sous les pierres, les écorces, les feuilles mortes). Ils attendent la nuit pour aller chercher leur nourriture qui se compose de fruits, légumes, feuilles et autres végétaux, et apprécient volontiers un extra carné comme les pucerons !

Pourquoi s’intéresser aux perce-oreilles?

Le perce-oreille est souvent accusé à tort d’être un ravageur nuisible. C’est surtout le cas en Amérique du Nord où il a été introduit au début du 20ème siècle de façon accidentelle et s’y est développer assez rapidement lui donnant le statut d’espèce invasive dans ces pays. En Europe, nous sommes un peu plus habitués à sa présence, mais il garde néanmoins une mauvaise réputation. Cela est notamment dû à son apparence qu’on trouve souvent répugnante à cause de leurs pinces, qui sont parfaitement inoffensives envers l’humain (oui le perce-oreille ne va pas rentrer dans vos oreilles ou vous les pincer), et également à sa réputation de nuisible voire ravageur.

Dans la maison, on peut retrouver des perce-oreilles mais cela est dû au fait qu’il aiment particulièrement les coins serrés et sombres, et finissent parfois par pénétrer des petites fissures rencontrés dans les habitations, ou se cacher sur les vêtements qui sèchent à l’extérieur. Le perce-oreille ne peut cependant pas vivre dans nos maisons, il finit par mourir sans faire de dégâts.

Au jardin, il peut souvent être présent en abondance parce que ses proies le sont, et cela peut donner l’impression qu’il infeste une plante ou un secteur de jardin. Mais c’est en réalité tout le contraire, il est en fait un précieux allié du jardinier car il se nourrit de petits insectes ravageurs tels que les pucerons, les cochenilles ou les limaces. Il nettoie également le sol en consommant les débris végétaux (c’est un décomposeur de matière organique) et constitue une proie pour les oiseaux. Le perce-oreille participe donc au maintien de l’équilibre dans votre jardin.

Le perce-oreille n’est ravageur que lorsqu’il est en présent en très très grand nombre, surtout en Amérique du Nord dans les territoires où il est invasif, mais il n’est pas recommandé de lutter activement contre lui (surtout ne pas utiliser de pesticides), avec un peu de patience les populations s’équilibrent et ses dégâts se retrouvent très limités !

©Biosphoto

Les menaces rencontrées par les perces-oreilles

Bien que le perce-oreille ne soit pas considéré comme une espèce menacée actuellement à l’échelle de l’Europe, les populations de perce-oreilles subissent un fort déclin dû a plusieurs facteurs :

L’urbanisation croissante qui entraîne une perte de territoire habitable importante pour de nombreuses espèces d’insectes dont le perce-oreille.
L’utilisation de pesticides, notamment avec l’agriculture intensive. Ces pesticides, ciblant souvent les ravageurs ont un double impact sur les perce-oreilles : il peuvent soit les impacter directement, soit les priver des ravageurs qui constituent une de leur source de nourriture principale et par conséquent affaiblir encore plus les populations.
La pollution lumineuse : le perce-oreille est une espèce lucifuge, il n’aime pas la lumière et est actif de nuit. Il est ainsi confronté la pollution lumineuse. Cette forme de pollution, parfois peu connue, est bien réel et pose problème à beaucoup d’espèces nocturnes. En effet, si la nuit venue des lumières viennent perturber le perce-oreille, cela peut l’empêcher de se mouvoir et d’aller se nourrir, ce qui peut fortement compromettre son cycle de vie.

Comment accueillir ou cohabiter avec les perce-oreilles ?

Gestes généraux :

Évitez de labourer la terre.
N’utilisez pas de pesticides dans votre jardin.
Plantez des haies composites.

Gestes spécifiques:

Installez des pots de fleurs remplis de paille et retournés sur un bâton à 4-5cm au-dessus du sol, ou dans un arbre fruitier pour qu’ils s’y réfugient tout au long de l’année.
Utilisez ces mêmes abris pour les capturer et les déplacer à un autre endroit moins gênant. Vous pouvez même les déplacer sur des endroits infestés par des pucerons afin de lutter naturellement contre ces derniers !
Ajoutez du compost dans le jardin pour abriter de petits organismes dont se nourrissent les forficules. Vous évitez ainsi que ces derniers ne s’en prennent à vos plants.
Évitez les éclairages trop invasifs !

L’anecdote

Concernant l’origine de cette curieuse appellation de perce-oreilles, il est souvent avancé une analogie de forme entre les pinces postérieures et l’outil utilisé par les bijoutiers pour percer les oreilles ! Une autre théorie est que le nom de perce-oreilles aurait été donné à ces insectes puisqu’on les retrouvaient souvent au cœur des fruits à noyaux très mûrs. Sachant que les quartiers d’abricot et de pêche sont appelés des oreilles ou des oreillons, le nom de perce-oreilles est resté. Dans tous les cas, il ne perce pas réellement les oreilles !