Le crapaud commun est un allié discret et hors pair du jardinier. Malgré sa peau verruqueuse et sa réputation de mal-aimé et repoussant, il mérite parfaitement sa place au jardin. Apprenez à le connaître et à l’accueillir dans votre jardin !
Le « prince » discret du jardin !
L’anecdote !
Les pustules souvent jugées répugnantes sont sans danger pour quiconque manipule le crapaud commun. Certaines seulement sécrètent un poison qui peut être irritant et qui constitue sa seule arme contre les prédateurs. Mieux vaut tout de même de s’abstenir de le déranger !
Pourquoi s’intéresser au crapaud ?
Bien que ‘commun’, ce crapaud fait partie de la liste rouge des espèces menacées dans certaines régions de France (comme en Rhône-Alpes). Il est principalement victime du trafic routier, de la dégradation des habitats humides et de l’empoisonnement par les pesticides. Peut être est-il temps d’apprécier ce prince charmant à sa juste valeur ?
Cet amphibien se nourrit d’araignées, de vers de terre, de cloportes, de mille-pattes qu’il attrape agilement avec sa langue collante. Limaces, escargots, chenilles, fourmis ou altises constituent aussi l’essentiel de son menu ce qui lui donne un grand rôle dans la régulation des ravageurs au jardin.
Le crapaud entre à son tour dans le régime alimentaire d’autres alliés du jardinier comme le hérisson, la couleuvre et la corneille. Il permet de nourrir également le renard, le blaireau, le putois ou encore la martre. Les œufs ou les têtards sont dévorés par les grenouilles, les tritons, les salamandres ou beaucoup de poissons comme le brochet. Le crapaud est donc un élément clé dans l’écosystème et sa présence est importante pour l’équilibre du jardin.
Des milliers ! C’est la quantité de crapauds qui périssent chaque année écrasés par les voitures sur les routes les séparant de leur lieu de reproduction.
Qui est-il ?
Le crapaud commun (Bufo bufo) est l’espèce de crapaud la plus répandue en Europe et il est le batracien le plus fréquent dans les jardins. En dehors de la ponte, il s’adapte à divers milieux éloignés des plans d’eau (forêt, champs, prairies…), et se contente aisément de quelques zones humides. C’est aussi le crapaud le plus grand de France, la femelle pouvant atteindre plus de 12 cm ! Sa peau verruqueuse marron-grise est ornée de pustules repoussant ses prédateurs.
Le crapaud commun part en chasse le soir, surtout après la pluie. Pendant le jour, il se tient sous une pierre, un tas de bois ou de feuilles mortes ou une vieille souche. Il hiberne à la saison froide, d’octobre à février environ, dans son abri habituel ou dans des terriers de rongeurs. A la saison de reproduction, en mars et avril selon les températures et les régions, les individus se déplacent de nuit pour se rassembler dans les plans d’eau assez profonds. Contrairement à la grenouille, les pontes forment de longs filaments, disposés sur un double rang et accrochés aux plantes aquatiques. Une petite partie seulement des milliers d’œufs donne ensuite naissance au début du printemps à des têtards friands des algues ou des débris organiques, puis à des adultes en été qui peuvent vivre jusqu’à 35 ans !
Comment accueillir le crapaud commun ?
- Le crapaud est fidèle à son point d’eau de naissance, il est donc difficile de l’attirer dans son jardin s’il a déjà élu domicile d’ailleurs. Si vous avez la chance d’en trouver un quelque part, ne le déplacez pas, même si l’endroit semble lui correspondre. Il tentera certainement de revenir à son milieu d’origine et risque d’y laisser sa vie !
- Si vous en avez un dans votre jardin, quelle chance ! Profitez de ses nombreux services et facilitez lui la tâche en laissant par endroits un tapis végétal dense et des abris tels que des tas de bois, de pierres ou de feuilles.
- L’emploi de pesticides et d’engrais chimiques est bien sûr très nocif pour ces petits amphibiens. En mangeant des insectes, eux-mêmes empoisonnés par les pesticides, le crapaud en est victime à son tour. Evitez donc de traiter votre jardin et découvrez de nouvelles manières naturelles de lutter contre les « nuisibles »…
- Attention en passant la tondeuse ! Beaucoup de crapauds finissent malheureusement leur vie dans ses lames et vous privez les miraculés d’un abri et d’une zone de chasse fort agréable. Mettez en place une friche, refuge pour la biodiversité, et à défaut, fauchez ou limitez la tonte de façon à réduire son impact sur la faune sauvage (en tondant par exemple de l’intérieur du jardin vers l’extérieur pour laisser le temps aux animaux de s’enfuir).
- De nombreux projets de « crapauducs » voient le jour aujourd’hui mais ils ne sont pas assez généralisés en France. Ce sont des aménagements qui permettent de faire traverser sans danger les amphibiens de part et d’autre d’une route au moment où ils rejoignent ou quittent les étendues d’eau pour se reproduire. En attendant de mettre en place des dispositifs « en dur », les bénévoles sont les bienvenus : renseignez-vous dans votre région pour aider à participer à ces sauvetages saisonniers !
Sources
- En Anjou, un crapauduc existe depuis 2001 : http://divers.lpo-anjou.org/crapauduc/main.htm
- En Belgique, l’association Natagora met en place de nombreux projets de sauvetage pour protéger les batraciens : http://www.batraciens.be/