Les oiseaux migrateurs

Dans nos jardins, avec l’arrivée du printemps, c’est le retour des oiseaux migrateurs qui s’annonce. Certains d’entre eux sont même déjà de retour.

Moineaux rutilants (Passer rutilans) © Imran Shah, Animalia.bio

En effet, en France, il y a entre 350 et 400 espèces d’oiseaux qui sont régulièrement recensées et au moins 319 d’entre elles sont des espèces migratrices.

Le terme migrateur désigne une espèce effectuant des déplacements saisonniers, passant les périodes de reproduction et hivernale dans deux régions distinctes. La migration est une stratégie saisonnière qui permet de trouver des ressources alimentaires abondantes et des conditions climatiques favorables.

 Selon l’Office français de la Biodiversité, ces 30 dernières années ont été marquées par une baisse des populations d’oiseaux migrateurs (-40% d’hirondelles). Cette diminution alarmante s’accompagne d’un retour précoce des espèces migratrices sur leur lieu de reproduction pouvant aller jusqu’à 12 jours plus tôt.

Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) © Stefan Berndtsson, Animalia.bio

Ces changements du comportement migratoire sont dus au changement climatique et ses impacts sur la biodiversité devraient augmenter considérablement dans les décennies à venir.

Dérèglement des habitudes migratoires

Suite au changement de température, certaines espèces sont amenées à arriver trop tôt, trop tard ou alors pas du tout.

Autrefois migratrices, les cigognes blanches ont décidé de ne plus migrer durant l’hiver et ont adopté la stratégie de devenir sédentaire en restant en Espagne ou dans le sud de la France.

Les hausses globales des températures ont rendu les milieux plus précocement hospitaliers avec des ressources alimentaires suffisantes pour permettre aux oiseaux d’assurer leur survie. D’autres comme le rossignol et certaines espèces de  passereaux font le choix de migrer mais raccourcissent leur temps de migration. Ils passent moins de temps dans les zones chaudes, s’exposant ainsi à des conséquences néfastes si leurs dates d’arrivée ne coïncident pas avec le pic d’émergence des insectes.

Les printemps plus chauds provoqués par le réchauffement climatique ont des conséquences sur le cycle de vie des chenilles dont se nourrissent les oiseaux et cela a des effets désastreux sur eux car les réserves de nourriture tendent à s’épuiser de plus en plus tôt. Les oisillons sont alors nombreux à mourir de faim durant la saison de reproduction. 

Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos C) © P. Gourdain, INPN Espèces

Perturbations des couloirs de migration

La 14e réunion de la Conférence des Parties sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage s’est déroulée du 12 au 17 février 2024. À cette occasion, un rapport historique a révélé la situation alarmante de la vie sauvage : les espèces animales migratrices sont en déclin et le risque d’extinction à l’échelle mondiale s’accroît.

La destruction de l’habitat des oiseaux migrateurs est causée par divers facteurs, tels que l’intensification agricole avec l’utilisation des pesticides, la disparition des prairies et des forêts, ainsi que la pollution (sonore, atmosphérique, lumineuse). Les constructions humaines telles que les éoliennes, les tours de télécommunications, les lignes électriques et les hauts buildings représentent également une menace, attirant souvent les oiseaux migrateurs nocturnes qui risquent des collisions fatales.

© Pxhere

D’autres menaces telles que la chasse, l’abattage illégal et les maladies comme la grippe aviaire sont également préoccupantes. Les modifications et les pressions exercées sur les couloirs de migration ont un impact direct sur les populations d’oiseaux migrateurs, compromettant ainsi leur survie d’une année à l’autre. Il est donc crucial de protéger les voies de passage des oiseaux migrateurs, tout comme les sites de halte migratoire.

Agir à l’échelle mondiale

Parfois, les espèces n’ont pas encore fini de migrer et de longues distances les attendent encore. Les sites de repos et de ravitaillement sont donc essentiels pour leur permettre de parcourir des milliers de kilomètres jusqu’à leur destination finale.

La survie des animaux migrateurs dépend des efforts concertés de tous les pays qu’ils traversent. Les solutions avancées par la conférence des parties mettent en avant la nécessité de donner une haute priorité à la conservation des sites et des habitats identifiés comme étant d’importance pour les oiseaux migrateurs. Cela passe par le renforcement et l’extension des réseaux existants de voies de migration, ainsi que par l’identification des sites vitaux pour leur reproduction et leur alimentation.

En agissant tous ensemble et en prenant des mesures simples mais significatives, nous pouvons aider à protéger les oiseaux migrateurs des menaces auxquelles ils font face.

Cigogne blanche (Ciconia ciconia) © P. Gourdain, INPN Espèces

Pour aller plus loin :

 



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