Le platane

Le platane est un genre arbre que vous avez surement déjà vu de nombreuses fois. Le platane commun est beaucoup utilisé comme ornement de rues ou places, souvent en alignement, et donc très présent en ville. Nous vous proposons dans cet article d’en découvrir plus sur ce genre d’arbre et notamment sur une maladie qui les touche particulièrement et les problématiques qui l’entourent.

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Platanes alignés au bord d’un étang / @Pixabay

Description du platane

Les platanes sont un genre d’arbre (Platanus) qui regroupe une dizaine d’espèces. Ce sont des grands arbres à croissance rapide qui peuvent vivre plusieurs centaines d’années et faire plus de 40m de haut. Les platanes, comme leur nom l’indique (platus signifie large en latin), présentent un houppier très large en plus d’être grand.

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Écorce de platane avec rhytidomes /@Pixabay

 

Leur tronc et grosses branches sont droits et peuvent être très larges pour des individus âgés, avec une écorce qui est assez caractéristique des platanes : l’écorce se détache du tronc et des grosses branches sous forme de larges plaques (rhytidomes), laissant des tâches jaunâtres sur le tronc qui produisent un effet assez décoratif d’aspect peau de serpent, notamment en hiver quand le feuillage est tombé. A propos du feuillage il est en effet caduc, composé de grandes feuilles alternes palmées qui rappellent les feuilles d’érable. Ces feuilles sont assez coriaces et peuvent prendre plusieurs semaines à se dégrader une fois tomber au sol.

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Platanes en fruits / @Pixabay

Lorsqu’il fleurit, le platane présente des petites fleurs qui ne sont pas très visibles. La fécondation se fait par vent et insectes interposés. La fructification de ces fleurs en akènes donne les boules de platanes vertes bien connues (boules de graminées) qui vont rester sur l’arbre jusqu’au printemps. Une fois à maturation, elles vont se décomposer et les graines seront dispersées à l’aide du vent, des oiseaux et des insectes.

Histoire du platane commun

A l’état sauvage, le platane se retrouve à l’origine en région tempérée de l’hémisphère nord, avec 2 aires de répartitions principales : l’Asie occidentale et l’Amérique du Nord. Les platanes occidentaux et orientaux sont des espèces morphologiquement très similaires même si leur aire de répartition sont bien distinctes (espèces vicariantes). En France le platane que l’on retrouve le plus n’est ni l’un, ni l’un l’autre, et les deux à la fois ! En effet, l’espèce que l’on appelle aujourd’hui platane commun ou platane à feuilles d’érable est en réalité un hybride entre le platane d’Occident et le platane d’Orient. Ils ont été introduits en Europe et hybridés en Espagne au cours du 17ème siècle pour donner le platane commun, c’est d’ailleurs de là qu’il tient son nom latin « Platanus x hispanica ».

Utilisation par l’homme

Le platane commun est très utilisé en France comme arbre d’ornement et notamment dans les villes et les routes où les alignements de platane sont très répandus. Cela est dû à leur grande taille et belle silhouette, mais aussi à leur tolérance à la pollution grâce à leur écorce qui se décroche tous les ans ainsi que leur système racinaire qui supporte la pression et peut se développer sous le bitume.

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Platanes en alignement en bord de route / @Pixabay

 

Les platanes ont également été utilisés pour des fins pratiques, notamment comme source de bois pour la construction et la fabrication de meubles. Le bois des platanes est dense et durable, et est souvent utilisé pour les sols, les murs, les plafonds et les escaliers. Il est aussi utilisé en tant que bois de chauffage.

Le platane et la biodiversité

Les platanes jouent un rôle pour la biodiversité et portent une place non négligeable dans les écosystèmes, notamment urbains. Ils peuvent attirer de nombreux animaux comme des oiseaux, insectes ou petits mammifères. En effet, en plus des fruits des platanes qui représentent une source de nourriture pour de nombreuses espèces d’oiseaux, l’arbre constitue un habitat et abri pour d’autres diverses espèces.

L’écorce du platane est particulièrement intéressante d’un point de vue écologique. Les rhytidomes formés quand l’écorce se décroche permettent à de nombreuses espèces de venir s’y abriter, notamment en hiver. C’est un mini écosystème qui se développe ainsi sous l’écorce, avec des proies et leur prédateur. On peut ainsi y observer des pseudo-scorpions, des coléoptères, des escargots, des coccinelles et pleins d’autres petites bêtes !

Entretien du platane

Les platanes ne doivent pas être plantés trop près d’un mur ou d’une maison pour éviter que les racines les endommagent, de préférence au soleil et sur un sol non sec (le platane se contente d’un sol ordinaire). Ils sont assez rustiques pour se développer partout en France (sauf en montagne) même s’il se développe mieux en climat chaud et ensoleillé. Il peut être planter en automne comme au printemps. Il ne demande pas d’entretien particulier, la taille sur les arbres jeunes est possible pour les branches abîmées mais de façon assez restreinte (voir notre article sur l’élagage). Les feuilles du platane peuvent être assez tenaces une fois dans le sol et prendre du temps à se décomposer, il est possible d’en faire du compost mais il vaut mieux les broyer avant.

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Feuille de platane au sol / @Pixabay

 

Maladie et ravageurs

Le platane est soumis à plusieurs ravageurs et maladie, on retrouve principalement :

  • Le tigre du platane : Cette petite punaise se nourrit de la sève du platane par piqûre au niveau des feuilles. Les feuilles se décolorent aux niveaux des points de piqûre, les plus atteintes devenant entièrement sèchent et tombant prématurément. Le platane se retrouve alors affaiblit et plus sensible aux autres maladies. Il existe aujourd’hui des traitements biologiques à base de nématodes microscopiques pour gérer les attaques du tigre du platane.
  • Anthracnose : Cette maladie cryptogamique (causée par un champignon) atteint les nervures des feuilles lorsque les printemps sont très humides, et peut entraîner leur chute alors qu’elles sont encore vertes. Pour les platanes c’est un préjudice surtout esthétique, l’arbre peut y résister et de nouvelles feuilles apparaissent en début d’été, même si plusieurs attaques successives peuvent le rendre plus sensible aux autres maladies et ravageurs. Il n’existe pas vraiment de traitement curatif mais plusieurs techniques préventives pour limiter le développement de cette maladie. (Voir notre article consacré aux maladies cryptogamiques pour en savoir plus)
  • Chancre du platane : Cette maladie dû à un champignon (Ceratocystis platani) touche exclusivement les platanes. C’est la menace la plus importante qui pèse sur le platane actuellement : la maladie entraîne la mort de l’arbre au bout de 4 à 6 ans maximum. Une fois que le champignon pénètre l’arbre par une blessure, il bloque les vaisseaux conduisant la sève ce qui asphyxie les parties supérieures de l’arbre qui dessèche rapidement (feuilles qui jaunissent sur des branches entières, tâches sombres sur l’écorce avec tissu nécrosé…). Cette maladie se retrouve aujourd’hui dans de nombreuses régions de France. Le champignon se peut se propager rapidement dans les cours d’eau, mais également par les racines des arbres en contact avec les platanes voisins et les outils de taille mal désinfectés. Il n’existe actuellement aucun traitement pour lutter contre cette maladie, une fois l’arbre touché il est abattu afin d’éviter la contamination.

    Colloque International "Chancre coloré du platane" - Ecophyto PRO : réduire et améliorer l'utilisation des phytos

    Platanes atteints du chancre coloré abattus / @Ecophyto

Planter du platane, bonne idée ?

La plantation platane en tant qu’arbre d’ornement dans les milieux urbains est aujourd’hui remise en cause pour plusieurs raisons.

  • Lien entre alignement et maladie : Les platanes ont été très souvent plantés en alignement le long de routes ou des rues pour les orner et ombrager. Ces alignements monospécifiques ne sont pas très intéressants en termes de biodiversité, avoir des arbres différents permettraient notamment d’avoir une diversité plus grande en termes d’espèces d’arbre et d’espèces accueillis par les espèces. Ces alignements sont de plus très sensibles aux pathogènes qui touchent une espèce en particulier et qui se répandent en proximité : ce qui est précisément le cas du chancre coloré présenté plus tôt. En Occitanie, une épidémie a eu lieu le long du Canal du Midi à partir de 2006. Les platanes de ce canal ont été affecté par le chancre coloré, et ce pathogène se diffusant bien par l’eau et contact de racine, il s’est propagé très vite : sur les 42 000 platanes dénombrés le long du canal, 30 100 ont été abattus aujourd’hui. Cela entraîne une fragilisation importante des berges et affectent plusieurs espèces qui dépendaient des platanes. Des arbres sont progressivement replantés (d’autres essences) mais cela nécessite des coûts très importants. D’autres cas similaires ont été observés en France ce qui pousse à reconsidérer ce système de plantation.

    14 000 platanes ont déjà disparu des berges du canal du Midi

    Platanes abattus le long du canal du Midi /@ PASCAL GUYOT / AFP

  • Irritations et allergies dues au pollen : Les feuilles du platane ont la particularité d’être recouvertes d’un duvet de poils irritants quand elles sont en croissance. Ce mécanisme est utile pour repousser certains ravageurs, mais il peut être embêtant pour l’homme, notamment si des procédures d’élagage sont réalisés : les poils irritants peuvent alors se disperser dans l’air et entrainer des irritations des yeux, de la gorge et des voies respiratoires. Le pollen des platanes peut également poser un souci sanitaire : récemment, des études ont été réalisés et ont pu démontrer que le pollen en contact de polluants (03 et N02) que l’on retrouve dans l’air subit des modifications qui peuvent altérer ses propriétés allergènes (et notamment les augmenter). Comme le platane est un arbre que l’on retrouve beaucoup en milieu urbain où la pollution est la plus importante, cela peut rendre les populations plus impactées par les allergies au pollen, bien que cela puisse être évité en réduisant les émissions de polluants.

 

Le platane est ainsi un arbre central dans les milieux urbains même s’il est aujourd’hui remis en cause : dans le cas des alignements monospécifiques, on a tendance à remplacer les arbres abattus par d’autres espèces, cela permet d’avoir une plus grande diversité en arbres, une plus grande diversité d’espèces accueillies et de limiter la propagation de maladies. Les espèces choisies pour le remplacer peuvent également être plus adaptées aux conditions futures et notamment à la sécheresse, en prévision du réchauffement climatique.

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