Le phasme gaulois

L'irréductible des sous-bois

Lorsque l’on parle de phasme, on a tendance à se souvenir de ces intenses périodes de recherche à observer un terrarium rempli de feuilles. Ce n’est un secret pour personne, ces petits insectes ont une forte tendance à passer inaperçus. Si la majorité des espèces tend à se concentrer vers l’Équateur et l’Hémisphère Sud pour leurs conditions tropicales (donnant lieu à des phasmes de tailles et morphologies impressionnantes !), il est également possible de les trouver sous nos latitudes ;

Trois espèces, pour être exacte : Le phasme espagnol, le bacille de Rossi et le phasme gaulois, ce dernier étant représenté sur la majeure partie du pays, à l’exception du nord et de l’est.

(Source : Roger Eritja / Biosphoto)

Petite description

Le nom « phasme » n’est pas anodin. En grec, il signifie fantôme, apparition. Certains l’appellent même bâton du diable. Ses capacités mimétiques semblent donc avoir suscité la curiosité de nos aïeux mais il ne faut pas pour autant le comparer au caméléon. Les couleurs du phasme varient progressivement et la migration des pigments entraînant ce changement n’est possible que de la teinte claire vers la plus sombre (du vert des juvéniles à brun). Par conséquent, il est fort probable qu’un individu sombre soit plus âgé qu’un individu clair.

Membre du plus important sous-embranchement (les Hexapodes), le phasme gaulois appartient à l’ordre Phasmida rassemblant les quelques 3 000 espèces de phasmes existantes à travers le monde.

En France, le phasme gaulois est semblable à une brindille, de couleur brune uniforme pour les adultes et atteignant au maximum 7cm. Il est en cela le plus grand des trois espèces françaises. Si vous souhaitez l’identifier, sachez qu’il se différencie de ses cousins par le rouge vif présent sur l’échancrure de ses pattes avant.

Où le trouver ?

Le phasme n’est normalement pas attiré par les jardins, mais peu parfois s’y retrouver via le transport de plantes ou la proximité de son habitat. Il favorise les milieux ombragés : lisières et bordures de route ou forêts, sur des plants épineux tels que les rosiers, ronciers, aubépines… à des hauteurs allant de 1 à 2m maximum.

La meilleure façon de les observer est de prospecter durant leur période d’activité (à savoir la nuit), ces insectes restant l’entièreté de leur journée immobile afin d’éviter les prédateurs… à l’exception des juvéniles.

(Source : Daniel Heuclin / Biosphoto)

Parlons de parthénogénèse…

Et le mot est aussi surprenant que sa définition. Il s’agit du mode de reproduction de certaines espèces comme les pucerons, dont celle de notre phasme gaulois, où une femelle n’engendre que des femelles, le tout sans fécondation. Les populations sont donc comprises à 99,99% de femelles et le ratio se situe aux alentours d’un « mâle » (et la distinction est faible puisqu’ils peuvent eux aussi pondre des œufs) pour plusieurs milliers d’individus.

Les femelles pondent 1 à 2 œufs par jour en les éjectant aléatoirement dans leur environnement et ces derniers peuvent rester en dormance jusqu’à deux ans avant d’éclore. A leur naissance et jusqu’à la fin de leur vie, ils suivront le même régime phyllophage (composé exclusivement des feuilles des plantes sur lesquelles elles vivent).

S’amputer volontairement, ou presque.

En cas de danger immédiat, face à la présence d’un prédateur par exemple, le phasme peut éventuellement réagir de deux manières : simuler artistiquement sa mort en se laissant tomber de sa feuille (la thanatose) ou se libérer des serres (ou du bec) du prédateur en s’amputant un appendice entier. Lors de la prochaine mue, il pourra récupérer progressivement ce membre mais cette faculté semble diminuer avec l’âge.

Et l’intérêt pour le jardin ?

Le phasme est un acteur neutre. Il participe à la dégradation des rosiers ou ronces voire même du lierre mais à moins d’en posséder une colonie, il ne consistera pas une menace. Son intérêt est donc principalement ludique (auprès des petits et grands enfants).

Sensible, il faudra néanmoins veiller à bannir l’emploi de produits phytosanitaires (et il ne sera pas le seul à vous en remercier !) et favoriser ses plantes hôtes.

 

 

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